Le Burkina Faso salue la décision française de valider l’extradition de François Compaoré
Le gouvernement burkinabè s’est réjoui mardi de la décision de la justice française de valider l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso, où le frère de l’ancien président est mis en cause dans l’assassinat, en 1998, du journaliste Norbert Zongo.
Le ministre burkinabè de la Justice, René Bagoro, a salué à la télévision nationale une « victoire d’étape ». « La présence de François Compaoré (au Burkina) est un élément important pour l’avancée du dossier Norbert Zongo », a-t-il estimé mardi 4 juin.
« Nous sommes sereins, nous restons optimistes en espérant que les autorités françaises vont prendre rapidement ce décret » afin que François Compaoré « soit remis à la justice » burkinabè, a ajouté René Bagoro.
Quelques heures plus tôt, la Cour de cassation avait rejeté le pourvoi du frère cadet de Blaise Compaoré et refusé de transmettre au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité déposée par sa défense contre les textes régissant l’extradition.
« Soif de justice »
Le gouvernement français doit désormais prendre un décret pour rendre effective l’extradition de François Compaoré, soupçonné d’être le commanditaire de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Âgé de 64 ans, François Compaoré avait été arrêté à l’aéroport parisien Charles-de-Gaulle en octobre 2017, en exécution d’un mandat d’arrêt émis par les autorités de Ouagadougou.
Robert Zongo, frère cadet du journaliste assassiné, s’est également félicité de la décision française. « Cette décision est salutaire », a-t-il estimé. « François Compaoré aura tout son temps pour faire tous les recours qu’il voudra (…) j’ai la conviction qu’il rentrera au Burkina Faso », a-t-il déclaré. « Le peuple burkinabè aura toujours soif de justice dans l’affaire Norbert Zongo ».
« C’est une étape importante dans le processus (…) de justice pour Norbert Zongo parce que Francois Compaoré est le principal suspect en tant que commanditaire de l’assassinat », a estimé Abdoulaye Diallo, directeur du centre de presse Norbert Zongo.
« On a perdu une bataille, mais pas encore perdu la guerre »
Me François-Henri Briard, avocat de François Compaoré, a indiqué qu’«à supposer qu’un décret soit effectivement signé par le gouvernement français », il l’attaquerait devant le Conseil d’État. « On a perdu une bataille, mais pas encore perdu la guerre. M. Compaoré n’est pas encore extradé », a-t-il déclaré.
Le 5 décembre 2018, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris avait autorisé l’extradition de François Compaoré vers Ouagadougou, où le dossier Zongo, classé en 2003 après un non-lieu en faveur du seul inculpé, a été rouvert à la faveur de la chute de Blaise Compaoré.
>>> À LIRE – Ce jour-là : le 13 décembre 1998, le journaliste burkinabè Norbert Zongo est assassiné
Journaliste d’investigation reconnu et directeur de l’hebdomadaire L’Indépendant, Norbert Zongo avait été assassiné le 13 décembre 1998, alors qu’il enquêtait sur le meurtre du chauffeur de François Compaoré. Le journaliste, âgé de 49 ans, avait été tué avec trois de ses compagnons. Les quatre dépouilles avaient été découvertes calcinées dans une voiture.
François Compaoré n’est pas inculpé dans son pays, à la différence de trois ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle, l’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré. Dans son arrêt, la Cour de cassation a estimé que la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris avait demandé aux autorités burkinabè « divers éléments complémentaires », afin de savoir si François Compaoré bénéficierait des « garanties fondamentales de procédure, des droits de la défense et d’un procès équitable ».
La chambre de l’instruction a « examiné les engagements » de Ouagadougou garantissant que François Compaoré ne serait pas soumis « à un traitement inhumain et dégradant, notamment, en cas d’incarcération et d’exécution d’une peine d’emprisonnement à vie », a aussi souligné la Cour.
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