Djibouti : les monts Goda, un monde à l’agonie

Rongée par un champignon et par la sécheresse, l’une des dernières forêts primaires du continent se meurt. Des habitants se mobilisent pour la sauver.

Aramis, l’un des responsables d’un programme de gestion durable dans le massif de Day. © Halloyata Abou

Aramis, l’un des responsables d’un programme de gestion durable dans le massif de Day. © Halloyata Abou

ProfilAuteur_SamyGhorbal

Publié le 4 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

Djibouti : tenir le Cap
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Djibouti : tenir le Cap

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Mis à jour le 09/07 à 10h43.

Les monts Goda, qui culminent à plus de 1 700 mètres, offrent un spectacle magnifique et poignant : celui d’un monde à l’agonie. Composée de genévriers, d’acacias, de rares oliviers sauvages et de buis, la forêt du Day s’y étend sur moins d’un millier d’hectares. Sa superficie a été divisée par six en cinquante ans. Si rien n’est fait, elle pourrait disparaître entièrement d’ici à quelques décennies.

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Le massif du Day constitue l’ultime vestige de la gigantesque forêt primaire qui recouvrait le Sahel et le Sahara à la préhistoire, et qui s’est contractée au gré des réchauffements terrestres. Qu’elle soit parvenue jusqu’à nous représente déjà une forme de miracle. Coincée entre deux versants, elle s’est perpétuée grâce à la faculté d’adaptation des genévriers, dont les spécimens les plus robustes peuvent atteindre 1 800 ans.

Longtemps, leur cime a capté l’eau des cumulus, avant qu’ils ne deviennent inaccessibles. Un redoutable champignon, l’armillaire, a encore affaibli les organismes. Des années de sécheresse consécutives ont fait le reste : aujourd’hui, la forêt se meurt. Tout n’est pas perdu pour autant. Baragoïta Mohamed Saïd est le coordinateur du Programme de mobilisation des eaux de surface et de gestion durable des terres (Promes-GDT), soutenu à bout de bras par le Fonds international de développement agricole (Fida) et les autorités djiboutiennes.

Derrière lui, une poignée d’hommes a décidé de se battre pour sauver la forêt. "Plus encore que le surpâturage, les effets combinés de la sécheresse persistante et de l’érosion continue des sols, qui s’appauvrissent au point de devenir stériles, constituent le noeud du problème", juge Aramis, l’un des responsables du programme. 

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Les jeunes pousses doivent être protégées

Pour enrayer l’hécatombe, la solution consiste à construire, autour de chaque plant de genévrier, de minuscules barrages de pierres dans le sens de l’écoulement des eaux de pluie, à la fois pour piéger un peu du précieux liquide et pour retenir les sédiments de la terre. Un travail de fourmi, réalisé avec l’appui des communautés villageoises, et dont les premiers résultats obtenus sur des parcelles tests sont impressionnants.

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En parallèle, les équipes du Promes-GDT ont entrepris de replanter 5 000 genévriers pour régénérer la forêt. Mais les jeunes pousses croissent très lentement, doivent être arrosées et protégées du bétail, des gazelles ou des chameaux. Autour de chaque arbre replanté, un cône de protection en bois mort est édifié. Un défi à la mesure de l’enjeu écologique et patrimonial de Djibouti.

Géothermie puissance dix

Pour profiter d’un potentiel aujourd’hui estimé à 1 000 MW, Djibouti a décidé ces dernières années d’accélérer le développement et l’exploitation de ses ressources géothermiques. À commencer par celles que renferme la région du lac Assal, dans le centre du pays, où les premiers forages devraient être réalisés dans les prochains mois. En janvier, les bailleurs de fonds (Banque africaine de développement, Agence française de développement…) ont confirmé le financement de la première phase d’exploitation à hauteur de 30 millions de dollars (22 millions d’euros). Cette centrale, d’une capacité de 200 MW, devrait démarrer sa production mi-2015.

Onze autres projets d’exploration, situés dans l’ouest du pays, ont déjà été confiés à des investisseurs turcs, coréens, américains et, dorénavant, mexicains, depuis que Djibouti a signé, en octobre 2013, un accord de coopération avec la quatrième puissance géothermique au monde. À la même période, le gouvernement a également mis sur pied l’Office de développement de l’énergie géothermique (Odeg), chargé d’identifier les ressources, d’exécuter les études ainsi que les premiers travaux d’exploration.

"Avec cette structure, nous comptons faire de la géothermie la source énergétique de base de notre pays", a confirmé Ali Yacoub Mahamoud, le ministre de l’Énergie chargé des ressources naturelles. Djibouti ambitionne toujours de devenir le premier État africain à utiliser 100 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2035. Olivier Caslin

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