Le World Trade Center s’embrase

Publié le 25 février 2003 Lecture : 3 minutes.

La camionnette roule dans les rues de Manhattan en direction du World Trade Center, dans le quartier des affaires. Bien sûr, personne ne la remarque. Les véhicules jaunes, à New York, ce n’est pas ce qui manque… La camionnette s’engouffre dans le parking commun aux deux tours jumelles et se gare au deuxième sous-sol. L’endroit est un peu spécial : un emplacement y est réservé à la voiture du président des États-Unis, quand il visite la ville ou se rend au palais des Nations unies, à quelques blocks de là. Cinquante mille personnes travaillent ici, dans ces deux flèches de verre et d’acier, fierté des New-Yorkais, qui culminent à 410 m de hauteur. En apparence, ce vendredi 26 février 1993 est une journée comme les autres…
En apparence, seulement. À 12 h 18, heure locale, la fourgonnette explose. Elle contenait 500 kg d’explosif. Le bâtiment tremble sur ses bases, mais reste debout, une épaisse fumée l’envahit. Dans le parking, la déflagration creuse un cratère de plusieurs mètres de profondeur et provoque l’effondrement du plafond de la gare de banlieue souterraine, à l’étage en dessous.
Quelques instants plus tard, les ascenseurs s’arrêtent. Les sauveteurs viennent de couper l’électricité pour combattre l’incendie qui s’est déclaré. Ils mettront trois heures à circonscrire le sinistre. La moitié des pompiers de la ville sont mobilisés. Des hélicoptères vont et viennent autour des tours tandis que des bateaux-pompes recueillent les blessés. Il faudra plus de dix heures pour évacuer les occupants des tours. Bilan : six morts et un millier de blessés. L’Amérique est sous le choc. Pour la première fois, le terrorisme que, convaincue de son invulnérabilité, elle croyait réservé aux autres, vient de la frapper sur son sol. À travers l’un des symboles les plus éclatants de sa puissance.
L’enquête progresse assez vite. Les services scientifiques de la police passent le parking au peigne fin, découvrent que le véhicule qui a servi au transport de l’explosif a été loué et parviennent à reconstituer son numéro de série. Toutes les agences de location sont mises en état d’alerte. Un peu plus tard, un Jordanien d’origine palestinienne répondant au nom de Mohamed Salameh (26 ans) a la très mauvaise idée de demander le remboursement de la caution d’une camionnette qu’il a louée et dont il jure qu’elle lui a été volée le 26 février, jour de l’attentat. Les numéros correspondent. Bingo !
Très vite, plusieurs autres suspects sont arrêtés, notamment un ingénieur chimiste soupçonné d’avoir fabriqué la bombe et un chauffeur de taxi qui en aurait transporté certains éléments. Tous protestent de leur innocence, mais, aux yeux des Américains, la « piste proche-orientale » ne fait plus aucun doute. Les inculpés seront condamnés, au total, à deux cent quarante années de prison. Inspirateur de l’attentat, Omar Abderrahmane, le cheikh égyptien aveugle, écope, pour sa part, d’une peine d’emprisonnement à perpétuité, de même l’un de ses organisateurs, l’ingénieur en électronique Ramzi Youssef. Ce dernier a beau revendiquer le statut de « terroriste professionnel », il niera obstinément toute implication dans cette opération. Arrêté au Pakistan en 1995 et extradé vers les États-Unis, Youssef, aujourd’hui âgé de 34 ans, purge sa peine dans le quartier de haute sécurité d’une prison du Colorado, dans une cellule sans fenêtre, isolé des autres prisonniers.
Au cours de leur enquête, les policiers américains découvriront au domicile de l’un des inculpés ce texte édifiant : il faut « faire sauter ces tours de l’Occident qui constituent les piliers de sa civilisation. […] Quand les forces sur lesquelles ils s’appuyaient seront totalement détruites, ils se trouveront dans un état de faiblesse psychologique extrême. » Et sur l’ordinateur d’un autre, cet avertissement sans équivoque : « Le World Trade Center reste l’une de nos cibles. Nous vous promettons que, la prochaine fois, nous serons plus précis. » On découvrira huit ans plus tard que la menace était à prendre au sérieux.

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