Les silences d’Ould Taya
Si l’on excepte le séjour privé qu’il a effectué en août 2002 dans une résidence de la République à une trentaine de kilomètres de Paris, le président mauritanien Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya n’était plus venu en France à titre officiel depuis près de quatre ans. Logé à l’hôtel Intercontinental, discret comme à son habitude car peu enclin aux mondanités sommitales, mais recherché par ses pairs – chacun aura remarqué la longue accolade qu’Abdelaziz Bouteflika est venu lui administrer en pleine séance d’ouverture, le 20 février -, Ould Taya, 61 ans, a été l’un des plus attentifs et des plus assidus.
On connaît les rapports très distanciés que cet homme pudique, souvent impénétrable, entretient avec le monde des médias. En vingt ans, ses interviews se comptent à peine sur les doigts d’une main. Pourtant, nombre de journalistes auraient souhaité l’interroger sur la prochaine élection présidentielle (prévue pour novembre 2003), l’affaire du Sahara occidental, les relations avec Israël ou les perspectives de guerre contre l’Irak. Mais Maaouiya Ould Taya est demeuré de marbre, fidèle à une réserve qui certes relève de sa nature – et de celle de bon nombre de ses compatriotes -, mais aussi d’une stratégie de communication finalement unique en son genre. D’ailleurs, alors que son entourage s’inquiétait du petit tapage fait à l’entrée de l’hôtel par une poignée d’opposants, dans l’après-midi du 17 février, Ould Taya, lui, a souri : « Mettez-vous à leur place, c’était l’occasion à ne pas rater ! »
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