Les premiers pas du FDTL

Fondé en 1994, légalisé en octobre dernier, le parti du Dr Mustapha Ben Jaafar tente de se faire une place dans le paysage politique.

Publié le 25 février 2003 Lecture : 3 minutes.

Ancien militant du Parti socialiste destourien (PSD) de 1955 à 1969, membre du bureau politique du Mouvement des démocrates socialistes (MDS) de 1978 à 1991, syndicaliste et militant des droits de l’homme, le Dr Mustapha Ben Jaafar a fondé son propre parti, le Forum démocratique pour le travail et la liberté (FDTL), en 1994, mais il a dû attendre octobre 2002 (voir J.A.I. n° 2184), soit huit longues années, avant de se voir remettre l’autorisation officielle du ministère de l’Intérieur.
Au cours de ses trente-trois ans passés dans l’opposition, le leader du FDTL a appris à aborder les problèmes un à un, sans trop se faire d’illusions, mais sans baisser les bras pour autant. Le premier problème qu’il a eu à régler depuis la légalisation de son parti est celui du local. Il fallait en trouver un dans le centre-ville de Tunis. « Cela n’a pas été facile, loin s’en faut, car les gens refusent généralement de louer leurs locaux à un parti d’opposition, fût-il légal, pour les raisons que l’on imagine. »
Après plusieurs semaines de recherche, le Dr Ben Jaafar et ses camarades ont pu convaincre une célèbre avocate de leur louer son ancien bureau situé au premier étage d’un immeuble de style colonial sis 4, rue d’Angleterre, en plein centre-ville, juste en face des bâtiments du ministère des Communications. L’appartement, un quatre pièces récemment ravalé, n’est pas très spacieux. Sa superficie ne dépasse guère 140 m2, mais il satisfait largement, pour l’instant, aux besoins du parti.
« La légalisation du FDTL a-t-elle eu un effet sur l’évolution de celui-ci ? » Réponse du Dr Ben Jaafar : « Dans le fond, rien n’a changé, puisque nous continuons sur la voie que nous nous sommes tracée il y a huit ans. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est que nous avons désormais un local à nous les gens viennent nous voir et où nous organisons des réunions internes et des rencontres publiques. Cela nous a permis de mieux nous faire connaître de l’opinion. »
Comment le FDTL finance-t-il ses activités ? « Nous ne recevons aucune subvention d’aucune sorte », répond le Dr Ben Jaafar. Qui précise : « Le parti compte une soixantaine de cadres, pour la plupart des universitaires, des médecins, des hommes d’affaires, etc. Tous mettent la main à la poche pour payer le loyer du local, les frais d’ameublement, d’équipement et de gestion quotidienne. Pour le moment, nous arrivons à joindre les deux bouts. Demain, nous devrions louer des locaux pour nos structures régionales, organiser des réunions nationales, publier un journal ou un bulletin d’information. Cela nécessitera un effort financier autrement plus conséquent. Aurions-nous droit à une subvention publique ? Celle-ci est dérisoire et n’est pas versée à tous les partis. L’expérience a démontré qu’une formation qui cherche à se démarquer nettement de la ligne officielle en est automatiquement privée. »
Dans la conférence de presse qu’il a donnée le 25 octobre dernier, le Dr Ben Jaafar a promis de publier le programme de son parti avant la fin de l’année 2002. Pourquoi tarde-t-il alors à le faire ? En fait, une commission a été mise en place qui a planché, pendant plusieurs semaines, sur un projet de programme. Ce document de vingt-cinq pages est fin prêt. Il devrait être soumis, le 23 février, aux cadres du parti. Après discussions et amendements, il sera adopté et rendu public. Ce texte passe en revue les obstacles structurels qui handicapent la marche du pays vers la démocratie, propose des remèdes aux maux identifiés. Dans une seconde partie, le texte clarifie les approches du parti en matières économique, sociale, éducative et culturelle. Deux notes annexes explicitent la position du FDTL vis-à-vis du processus de construction maghrébine et de la relation entre religion et État, sujet central dans le débat politique arabe actuel.
Pour expliquer le peu d’écho rencontré par le FDTL, le Dr Ben Jaafar invoque la conjoncture difficile que traverse actuellement le monde arabe. Les Tunisiens, comme le reste des Arabes, sont obnubilés par la perspective de la guerre en Irak et s’inquiètent de la recrudescence de la violence dans les territoires palestiniens. « C’est là, en tout cas, le prétexte avancé par les responsables des médias locaux pour justifier le silence dont ils entourent nos activités, explique le leader du FDTL. En vérité, le climat général dans le pays n’a pas changé. Les problèmes que rencontre le Conseil de l’ordre des avocats, la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) et les grèves de la faim dans les prisons démontrent que les conditions de l’action politique et l’exercice des libertés publiques n’ont pas beaucoup évolué. »

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires