Les dégâts des privatisations

Démarré en 1992, le programme était à l’époque porteur d’espoir. Dix ans plus tard, il se révèle être un facteur important d’appauvrissement du pays.

Publié le 25 février 2003 Lecture : 2 minutes.

En dix ans, cent cinq mille travailleurs ont perdu leur emploi en raison de la vague de privatisations accélérées que connaît la Zambie. Andrew Chipwende, le directeur exécutif de l’Agence de privatisation zambienne (ZPA), qualifie pourtant l’opération de « réussite ». Un avis que Levy Mwanawasa, le président de la République, ne partage pas. Le 11 février, devant les représentants du Fonds monétaire international (FMI) venus en mission, il a soutenu que le processus de privatisation avait démembré le tissu économique, et contribué à maintenir des niveaux de chômage et de pauvreté élevés.
Dans un pays où un actif sur deux n’a pas de travail, où 86 % de la population vit avec moins de 1 dollar par jour, selon les chiffres de l’ambassade de France en Zambie, Chipwende met en avant les 400 millions de dollars déjà récoltés par l’État après la vente de 257 entreprises, tous secteurs confondus. Vingt-quatre autres devraient bientôt suivre le même chemin. Mais les fonds récoltés n’ont pour l’instant pas permis d’éponger une dette extérieure colossale de 5,8 milliards de dollars. Pour assurer sa pérennité, la Zambie vit sous « perfusion » des bailleurs de fonds multilatéraux.
L’économie nationale repose sur les ressources minières, notamment le cuivre et, dans une moindre mesure, le cobalt. Lorsque le président Frederick Chiluba s’installe au pouvoir en 1991, les mines de cuivre ne rapportent plus rien et sont même devenues coûteuses. Réformiste, Chiluba, lance un an plus tard une grande campagne de privatisations, la plus rapide que l’Afrique ait jamais connue. Tout est alors étudié pour libéraliser l’économie et attirer les investisseurs étrangers. Mais ce processus est mené par des personnes dont certaines n’ont pas mesuré l’importance des problèmes qui se poseraient dans un avenir proche. Certes, au début, le programme de privatisations fonctionne bien, et les perspectives sont encourageantes : une croissance de 6,5 % du Produit national brut, et une inflation réduite à 24 %, alors qu’elle atteignait 187 % en 1993 ! Même le kwacha, la monnaie nationale, s’est stabilisé.
Mais en janvier 2002, à la surprise générale, la société minière Anglo-American Corporation annonce qu’elle souhaite vendre, transférer ou fermer Konkola Copper Mines (KCM) dans l’année. Comme le précisent les spécialistes, le départ de la plus grosse compagnie minière du pays, qui constitue également la plus importante source de revenus à l’exportation et l’un des principaux employeurs du pays – 11 000 salariés -, pose un grave problème.
Aujourd’hui, le président Levy Mwanawasa, élu le 2 janvier 2002, affirme que son gouvernement poursuit un seul but : trouver de meilleures alternatives dans la manière de gérer les privatisations.

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