Mines : avec la reprise de la mine de Yomboyéli, l’indien Ashapura tente de relancer l’exploitation du fer guinéen
Le ministère guinéen des Mines et de la Géologie et la société minière indienne Ashapura ont signé le 5 juin trois accords portant entre autres sur la reprise de l’exploitation d’une mine de fer à l’ouest du pays. Le nouvel acquéreur devra désintéresser à hauteur de 25 millions de dollars les créanciers de Forecariah Guinea Mining, tombé en faillite.
La mine de fer de Yomboyéli et ses trois millions de tonnes de réserves est certes une goutte d’eau comparée aux 60 millions de tonnes de bauxite exportées par la Guinée en 2018. Sa relance va néanmoins atténuer le déséquilibre entre les différentes filières minières du pays et redonner espoir aux chômeurs de Forecariah Mining, tombé en faillite en 2015, juste trois ans après son installation à Forécariah, dans le sud-ouest de la Guinée.
« Les accords portent sur la relance de la mine de Yomboyéli et les installations portuaires situées à Konta, confirme à Jeune Afrique Sadou Nimaga, secrétaire général du ministère des Mines et de la Géologie. Nous avons accompagné en tant que département de tutelle une procédure de redressement judiciaire enclenchée à la demande des créanciers, suite de la fermeture de Forecariah mining. Un syndic liquidateur a été désigné. Il était question de liquider les actifs pour désintéresser les créanciers, nous avons privilégié la relance de l’activité. Le syndic nous a suivis dans ce sens. »
Rétrocession des installations portuaires à l’État
Il restait à trouver un repreneur à même de supporter les passifs qui se chiffrent à 25 millions de dollars (22 millions d’euros). L’indien Ashapura s’y est engagé dans un premier accord signé avec le syndic liquidateur. Le deuxième, conclu avec le ministère des Mines, porte sur la réattribution du titre minier de Forecariah Mining. Le troisième accord concerne la rétrocession des installations portuaires de Forecariah Mining, qui redeviennent la propriété de l’État à travers l’Agence nationale d’aménagement des infrastructures minières (ANAIM).
Cette disposition doit permettre un multi-usage de l’infrastructure, à l’instar du chemin de fer de 135 km reliant le plateau bauxitique de Sangarédi au port minéralier de Kamsar. Le franco-allemand Monaco Resources est en « négociations avancées » pour assurer la gestion technique du port de Konta. « Nous voulons créer dans cette région un corridor d’activités diverses : il y aura un terminal minier, un fruitier, un autre pétrolier et de marchandises en vrac », détaille le secrétaire général du ministère des Mines, qui espère désengorger le Port de Conakry par le transfert du terminal et du dépôt pétroliers du centre administratif de Kaloum à Forécariah.
>>> À LIRE : Déficit d’infrastructures en Guinée : quand l’État et les miniers se renvoient la balle
Un calendrier « très agressif »
Selon Sadou Nimaga, Ashapura est soumis à « un calendrier très agressif de quatre mois » pour réhabiliter le port et entamer l’exploitation de la mine de fer, histoire de soulager des populations paupérisées par la fermeture de l’ancienne société Forecariah Mining avec laquelle elles travaillaient, louant notamment leurs maisons aux travailleurs. Ashapura table sur environ 3 000 emplois directs.
Si le prix du fer se porte mieux, la mine de Yomboyéli doit davantage sa relance à sa proximité à la Côte. Un avantage que n’ont pas d’autres mines, notamment dans le sud de la Guinée. Le projet d’exploitation de Simandou a ainsi été gelé en partie du fait du coût de construction de plus de 600 km de voie ferrée, estimé à 20 milliards de dollars.
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