Soudan : Abiy Ahmed à Khartoum pour trouver une solution à la crise

Le Premier ministre éthiopien est arrivé vendredi dans la capitale soudanaise. Il doit y rencontrer les acteurs de la contestation et les militaires au pouvoir, alors que la pression internationale s’intensifie contre le Conseil militaire, dans un contexte de répression sanglante des manifestations.

Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. © Laurent Gillieron/AP/SIPA

Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. © Laurent Gillieron/AP/SIPA

Publié le 7 juin 2019 Lecture : 2 minutes.

Depuis le début de la semaine, les rues de Khartoum sont restées presque désertes, des habitants décrivant une situation de « terreur » avec la présence de paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF). Vendredi, seuls quelques magasins étaient ouverts et peu de véhicules en circulation.

C’est dans ce contexte qu’Abiy Ahmed doit rencontrer les dirigeants du Conseil militaire qui a pris le pouvoir après le renversement le 11 avril du président Omar el-Béchir. Il doit ensuite rencontrer certains leaders de la contestation qui restent déterminés à obtenir un transfert du pouvoir aux civils. « Nous avons reçu une invitation de l’ambassade d’Éthiopie à rencontrer le Premier ministre éthiopien à 11 heures (9 heures GMT) et nous y allons », a déclaré Omar al-Digeir, un dirigeant de la contestation.

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Pression diplomatique

La visite du Premier ministre éthiopien intervient au lendemain de la suspension de la participation du Soudan à l’Union africaine (UA) « jusqu’à l’établissement effectif d’une autorité civile de transition ».

Le Sierra-Léonais Patrick Kapuwa, président en exercice du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, a déclaré que cette institution « imposera automatiquement des mesures punitives sur les individus et les entités qui ont empêché l’établissement d’une autorité civile ».

La position de l’UA a été saluée par l’Union européenne (UE) qui a aussi réclamé « la cessation immédiate de la violence et une enquête crédible sur les événements criminels ». « Les négociations avec l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC, fer de lance de la contestation) en vue de la mise en place d’une autorité de transition dirigée par des civils doivent reprendre », a ajouté l’UE.

Les États-Unis ont aussi salué « le message fort » de l’UA « aux forces de sécurité du Soudan pour le meurtre de civils innocents et pour avoir exigé le transfert du pouvoir à un gouvernement dirigé par des civils ».

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Les soutiens des généraux au pouvoir, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte, qui n’ont pas explicitement condamné les violences, ont toutefois appelé au « dialogue » entre les deux parties.

Au moins 113 morts à Khartoum

Après l’échec des pourparlers entre généraux et les chefs de la contestation, les forces de sécurité ont brutalement dispersé un sit-in lundi, organisé dans le prolongement du mouvement de contestation et en place depuis le 6 avril devant le QG de l’armée à Khartoum.

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Au moins 113 personnes ont été tuées dans la répression, la grande majorité au sit-in, selon un dernier bilan des médecins proches de la contestation. Le gouvernement a, pour sa part, fait état de 61 morts.

Les chefs de la contestation ont accusé les RSF, rattachées au puissant Service national de renseignements et de sécurité (NISS), d’avoir mené la répression et instauré un climat de peur dans Khartoum. Ces derniers jours, les membres des RSF, en uniformes beiges et lourdement armés, ont déambulé dans les rues de la capitale soudanaise ou circulé à bord de pick-up.

Après la destitution et l’arrestation par l’armée de Omar el-Béchir le 11 avril, les protestataires avaient continué de camper devant le QG de l’armée, réclamant le départ des généraux et le transfert du pouvoir aux civils. Mais les négociations entre militaires et chefs de la contestation ont été suspendues le 20 mai, chaque camp refusant de céder à l’autre la direction de la transition post-Béchir censée durer trois ans.

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