[Chronique] CAF : « annus horribilis » pour Ahmad Ahmad
L’interpellation du président de la Confédération africaine de football (CAF) Ahmad Ahmad, ce jeudi à Paris, apparaît comme le sombre couronnement d’une longue saison de méli-mélo pour une institution qu’on disait pourtant rénovée…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 7 juin 2019 Lecture : 2 minutes.
Poisse ? Série noire ? Loi de Murphy qui indique que le pire est toujours certain ? Loi de « l’emmerdement maximum » ? Président, depuis deux ans seulement, d’une Confédération africaine de football new look, Ahmad Ahmad a de quoi être superstitieux, s’il dénombre la kyrielle de contrariétés qui l’accablent, notamment ces derniers mois.
Le calendrier des prochaines éditions de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) avait déjà de quoi lui donner des céphalées, de l’enjeu météorologique d’une compétition estivale à l’augmentation du nombre de participants, en passant par le retrait tardif du cru 2019 au Cameroun. La suspension de certains arbitres, comme l’Égyptien Gehad Grisha (suite à la finale aller de la Ligue des champions à Casablanca) ou l’Algérien Cherif Abed (après la finale de l’an passé entre Al-Ahly et l’Espérance de Tunis), ne manquèrent pas de donner quelques sueurs froides supplémentaires au nouveau « prési » malgache.
>>> À LIRE – [Exclusif] Football : Ahmad Ahmad, le président de la CAF, entendu par la police à Paris
Comme apparent cafouillage suprême, la finale retour de la dernière Ligue des champions africaine conduira Ahmad Ahmad à s’arracher encore quelques cheveux poivre et sel. Terminée prématurément dans des conditions surréalistes, la confrontation entre l’Espérance de Tunis et le WAC de Casablanca devra finalement être rejouée – ce qui ne saurait constituer une décision consensuelle, les Tunisiens ayant déjà annoncé leur intention de saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS).
Accumulation de polémiques
Rome ne s’étant pas faite en un jour, une confédération aux mains propres et à l’organisation inédite ne pouvait se générer en quelques mois. Mais les angoisses d’un président de CAF prennent une autre tournure lorsque les défectuosités du monde du foot ne concernent plus le fonctionnement du seul rectangle vert. Ahmad Ahmad lui-même n’est plus exempt de toute responsabilité personnelle présumée.
Après la dégradation de l’image des instances footballistiques sous Sepp Blatter, la mésaventure policière d’Ahmad Ahmad a gêné aux entournures
En avril dernier, le dirigeant du foot continental devait répondre d’accusations de paiements de pots-de-vin, d’usage personnel de fonds de la CAF et de harcèlement sexuel, formulées par Amr Fahmy, secrétaire général licencié de l’instance africaine. Ce 6 juin, la garde à vue d’Ahmad, survenue en pleine tournée de mondanités parisiennes pour le congrès de la Fifa, était une goutte susceptible de faire déborder le vase de sa contrariété.
Dans cette affaire de contrat rompu unilatéralement avec l’équipementier Puma au profit de la société Tactical Steel, il faudra entendre les conclusions de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) et attendre d’éventuelles suites judiciaires qui, pour l’heure, ne se profilent pas. Mais tout de même, après la dégradation de l’image des instances footballistiques sous Sepp Blatter, et la consécutive « tolérance zéro » affichée par Gianni Infantino, la mésaventure policière d’Ahmad Ahmad a gêné aux entournures les nouveaux dirigeants de la planète football…
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