La onzième heure

Publié le 25 février 2003 Lecture : 2 minutes.

Certains pensent que la guerre a déjà commencé et notent que des éléments avancés des forces anglo-américaines (avec la participation secrète d’Israéliens, sous uniforme américain) sont déjà en mission de reconnaissance dans certaines parties de l’Irak. Les préparatifs militaires et les négociations avec la Turquie étant presque achevés, plus personne – ou presque – ne doute que les hostilités seront déclenchées à partir de la mi-mars, quelle que soit l’issue de la nouvelle joute qui va se dérouler au Conseil de sécurité de l’ONU : les toutes prochaines semaines verront donc les nuages s’amonceler avant que n’éclate l’orage ; elles seront marquées par des revirements diplomatiques, des coups de théâtre.
Contre le sentiment de la majorité des peuples du monde, une guerre non nécessaire va donc tuer et détruire ; très bientôt, on ne pourra plus que soupirer : les dés sont jetés, ils roulent…

« Chacun doit baisser le ton et agir avec calme. Vouloir bousculer les autres ne contribue pas à résoudre le problème…
Les nouvelles menaces ? Il nous faut du temps pour discuter sérieusement de la manière appropriée d’y faire face. Cette discussion n’a pas eu lieu. »
Qui prononce ces paroles de sagesse ? C’est Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, dont on sait qu’il est exaspéré par le « pressing » de l’administration américaine.
Cet Africain (trop ?) bien élevé n’a jusqu’ici que murmuré sa protestation. En mars, il devra se résoudre à élever la voix pour tenter de sauver la paix – ce qui est son devoir et l’essence de sa fonction. Ou, à tout le moins, l’honneur de l’organisation dont il est le plus grand serviteur et qui reste la conscience du monde.
À ces résistances, exprimées mezza voce par les diplomates, et bruyamment par les peuples, les promoteurs américains de la guerre ont pour réponse : « Assez de discussions, il faut faire la guerre sans plus tarder et la gagner vite. Cela fait, le ciel s’éclaircira, tout le monde verra que nous avions raison et… volera au secours de la victoire… »

la suite après cette publicité

Revenons à aujourd’hui, 22 février 2003 : que voyons-nous dans ce Moyen-Orient, prochain théâtre des opérations militaires avant de devenir un terrain d’expérimentations démocratiques et de recolonisation économique ? Nous voyons les dirigeants des pays arabes de la région débattre gravement de savoir… s’ils doivent ou non se réunir.
Se réunir pour quoi faire et quoi dire ?
Ils sont tous contre la guerre parce qu’elle aggrave leur impopularité et sape leur pouvoir. Mais ils osent à peine le dire et, dans les faits, collaborent avec ceux qui vont la faire : sur les quatre pays arabes limitrophes de l’Irak (Koweït, Arabie saoudite, Jordanie et Syrie), trois laissent les armées américaines utiliser leur territoire comme tête de pont. Quant aux petites monarchies du Golfe (Qatar, Bahreïn, Oman et Émirats arabes unis), elles baignent jusqu’au cou dans la collaboration avec l’envahisseur
Que les dirigeants arabes du Moyen-Orient se réunissent ou non ne change rien à rien.
Mais, à voir le spectacle qu’ils donnent, on en arrive à se dire que du mal que constitue cette guerre que nous ne pouvons plus empêcher peut sortir, on l’espère, un bien : l’élimination de ce Staline arabe qu’est devenu Saddam, suivie, à terme – par un effet de dominos -, de celle d’autres dirigeants de la région, à peine moins haïssables que lui et dont on ne peut, en tout cas, que mépriser la veulerie.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires