Fracture aquatique

Publié le 25 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

Longtemps, vous vous êtes brossé les dents en laissant couler l’eau du robinet, par flemme d’avoir à le rouvrir trois minutes plus tard.
Mais, cette fois, l’heure est grave. Selon le tout dernier « Rapport mondial
sur la mise en valeur des ressources en eau » présenté par les Nations
unies à la veille du Forum mondial de Kyoto, 7 milliards de personnes (sur
9,3 milliards au total) vivant dans soixante pays pourraient être, à des degrés divers, confrontées à une pénurie vers 2050. La consommation d’eau dans le monde a presque doublé au cours des cinquante dernière années. Et la quantité disponible par individu a baissé d’un tiers entre 1970 et 1990. Voilà pour les chiffres.

Le second volet de ce rapport dresse le « hit-parade » des chanceux, qui – comme les Groenlandais, les Surinamais et autres Papouans Néo-Guinéens – pourront toujours s’offrir le luxe de prendre trois douches par jour, et des malchanceux qui, à l’instar des Palestiniens – déjà victimes de pénuries en tout genre – devront user de cette précieuse ressource avec une parcimonie accrue. Ils ne seront pas les seuls. Les Koweïtiens, Qataris ou Saoudiens, moins habitués au rationnement, devront faire de même.

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Ces inégalités déjà criantes risquent en outre de s’accentuer dans les décennies à venir sous l’effet des caprices du climat, puisque les zones humides recevront encore plus d’eau alors que, dans de nombreuses régions déjà sujettes aux sécheresses, tout particulièrement en Afrique, les déficits pluviométriques s’aggraveront. Enfin, si les déséquilibres concernant les réserves sont flagrants, les disparités de consommation le sont tout autant. Alors qu’un Nord-Américain utilise jusqu’à 600 litres par jour pour satisfaire ses besoins domestiques, l’Africain subsaharien moyen doit se contenter d’une vingtaine de litres. Enfin, si tous les agriculteurs du monde adoptaient les méthodes d’exploitation de leurs homologues américains pour cultiver leurs terres et nourrir leur bétail, la consommation de molécule H2O augmenterait de 75 %, pour atteindre l’improbable volume de 6 200 kilomètres cubes !
Entropie au Nord contre pénurie au Sud… la préservation des ressources hydriques planétaires est désormais l’affaire de tous. Y compris de celui qui se brosse les dents matin et soir en laissant couler l’eau du robinet. En prenant la peine de le fermer pour le rouvrir trois minutes après, il peut économiser 12 litres de ce précieux liquide. Multipliez par le nombre d’êtres humains en âge de se laver les dents, et vous obtiendrez l’un des plus sûrs moyens de préserver l’avenir.

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