Fossé médiatique

Publié le 25 février 2003 Lecture : 1 minute.

La couverture des manifestations contre la guerre en Irak par les principales chaînes câblées américaines rappelle à quel point elles évoquent une planète différente de celle vue par les médias étrangers.
Qu’a regardé le téléspectateur d’une chaîne du câble ? Sur Fox, « des habitués des manifestations » ou des « manifestants invétérés ». CNN n’était pas si dédaigneuse, mais, le dimanche matin, on pouvait lire sur son site : « Les manifestations contre la guerre réjouissent l’Irak », et la photo d’illustration montrait des manifestants… à Bagdad, et non à Londres ou à New York. Depuis des mois, les deux principaux réseaux câblés des États-Unis se comportent comme si la décision d’envahir l’Irak avait déjà été prise, et considèrent que leur devoir est de préparer le public à la guerre. Il n’est donc pas surprenant que, selon certaines études, une majorité d’Américains pense que certains terroristes du 11 septembre étaient des Irakiens et que Saddam Hussein était impliqué dans l’attentat. Une affirmation que même l’administration Bush n’a jamais osée.
Les Européens, qui ne voient pas la même chose sur leurs écrans de télévision, ont beaucoup plus tendance à se demander pourquoi l’Irak est la cible privilégiée de l’Amérique, plus que la Corée du Nord ou el-Qaïda elle-même.
Comment expliquer le fossé médiatique qui se creuse entre les deux rives de l’Atlantique ? Un biais antiaméricain systématique dans les médias européens ? Ou bien des médias américains qui, dans un environnement où quiconque s’interroge sur la politique étrangère de Bush est suspect d’antipatriotisme, pensent qu’ils doivent vendre la guerre, et non chercher un équilibre qui pourrait remettre sa justification en question ? À vous de voir.
© The New York Times et J.A./l’intelligent 2003. Tous droits réservés.

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