Mali : au moins 95 personnes tuées dans l’attaque d’un village dogon dans le centre du pays

L’attaque du village dogon de Sobane Da, dans le centre du Mali, dans la nuit de dimanche à lundi, est l’œuvre d’hommes armés « soupçonnés d’être des terroristes », selon le gouvernement malien. Un bilan encore provisoire fait état d’au moins 95 tués et 19 disparus.

Un soldat malien lors d’une offensive contre des groupes terroristes à Gao, le 21 février 2013. Photo d’illustration. © STR/AP/SIPA

Un soldat malien lors d’une offensive contre des groupes terroristes à Gao, le 21 février 2013. Photo d’illustration. © STR/AP/SIPA

Publié le 10 juin 2019 Lecture : 2 minutes.

« C’est un village dogon qui a été quasiment rasé », a indiqué une source sécuritaire malienne se trouvant sur place.

« Nous avons pour le moment 95 civils tués, les corps sont calcinés, nous continuons de chercher des corps », a pour sa part déclaré sous le couvert de l’anonymat un élu de la commune où se situe le village pris pour cible de quelque 300 habitants.

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« Selon les civils, ce sont des hommes armés qui sont venus tirer, piller et brûler. C’est vraiment la désolation », a ajouté lundi 10 juin cette source.

« Un large ratissage » en cours

« Le gouvernement de la République du Mali informe qu’une tragique attaque armée a été perpétrée ce lundi, vers 3 heures du matin, dans le village de Sobane Da, dans la commune de Sangha, dans la région de Mopti. Des hommes armés, soupçonnés d’être des terroristes, ont lancé un assaut meurtrier contre ce paisible village », a assuré le gouvernement malien dans un communiqué, affirmant par ailleurs que des animaux ont été abattus et des maisons incendiées.

« Des renforts sont actuellement déployés dans le secteur et mènent un large ratissage pour traquer les auteurs », a précisé le gouvernement, en présentant ses condoléances et en assurant que « toutes les mesures seront prises pour arrêter et punir les auteurs de ce carnage ».

La milice dogon Dan Na Ambassagou, dissoute par le gouvernement, « a constaté avec beaucoup d’indignation l’attaque barbare et ignoble », et « condamne avec la dernière énergie cet acte terroriste et génocidaire intolérable ».

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« C’est un choc, une tragédie »

« C’est un choc, une tragédie » qui se produit « alors qu’on discute du renouvellement du mandat », a pour sa part déclaré depuis le siège des Nations unies à New York le chef de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif, en regrettant que l’État malien ne soit pas assez présent dans le centre pour empêcher les affrontements interethniques.

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Une réunion sur les pays contributeurs de troupes à la Minusma est prévue mercredi aux Nations unies, et le Conseil de sécurité doit se prononcer le 27 juin sur le mandat de cette force. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, recommande qu’elle ne soit pas réduite, malgré les positions antagonistes des États-Unis.

Conflits intercommunautaires

Depuis 2015, les violences se sont propagées du nord au centre du pays, voire parfois au sud. Elles se concentrent surtout dans le centre et se mêlent très souvent à des conflits intercommunautaires.

>>> À LIRE – Violences intercommunautaires dans le centre du Mali : le président IBK face à l’indicible

Ces flambées de violence ont culminé le 23 mars avec le massacre, à Ogossagou, près de la frontière burkinabè, de quelque 160 villageois peuls par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons.

Au lendemain de cette tuerie, le gouvernement malien avait prononcé la dissolution de « Dan Na Ambassagou ». Le groupe avait démenti toute implication dans la tuerie, mais son chef militaire, Youssouf Toloba, avait rejeté cette dissolution et refusé de « déposer les armes ».

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