Algérie : l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout a été placé en détention

Le puissant homme d’affaires algérien Mahieddine Tahkout, patron d’une usine de montage automobile et proche du président déchu Abdelaziz Bouteflika, a été inculpé et placé lundi en détention préventive dans des affaires de corruption, a annoncé un de ses avocats.

Mahieddine Tahkout a été inculpé et placé lundi 10 juin en détention préventive dans des affaires de corruption. © Capture d’écran (Youtube)

Mahieddine Tahkout a été inculpé et placé lundi 10 juin en détention préventive dans des affaires de corruption. © Capture d’écran (Youtube)

Publié le 10 juin 2019 Lecture : 2 minutes.

Ancien petit commerçant, Mahieddine Tahkout, 56 ans, a fait fortune en constituant une flotte de bus et en obtenant des marchés publics dans le secteur du transport universitaire et urbain.

Il a été écroué en compagnie de trois membres de sa famille, dirigeants du groupe Tahkout. Ce groupe possède aussi l’un des plus importants réseaux de concessionnaires automobiles en Algérie, Cima Motors, qui distribue notamment les marques Hyundai, Opel, Chevrolet, Suzuki, Fiat, Jeep et Alfa Romeo.

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Depuis 2016, la Tahkout Manufacturing Company (TMC), autre filiale, assemble plusieurs modèles de Hyundai dans son usine de Tiaret (200 km au sud-ouest d’Alger). Mahieddine Tahkout a également racheté en 2015 la chaîne de télévision Numidia TV.

« Mahieddine Tahkout, son fils et deux de ses frères ont été incarcérés ce (lundi) matin. On lui reproche des faits de corruption et de blanchiment d’argent », a déclaré son avocat Me Khaled Bourayou.

« Privilèges indus »

Les chefs d’accusation regroupent « un condensé du code pénal et des lois anticorruption », s’est insurgé l’avocat, avant d’ajouter : « on a puni 14 600 travailleurs, décapité toute une famille et tout un groupe ».

Mahieddine Tahkout et ses proches étaient entendus depuis dimanche par la justice à Alger, en compagnie notamment de l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, de cadres de l’Office national des Oeuvres universitaires (Onou), des ministères des Transports et de l’Industrie, et de l’Agence nationale de développement de l’Investissement (Andi), selon l’agence de presse officielle APS.

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Il est accusé d’avoir obtenu des « privilèges indus » de la part de ces administrations. Ahmed Ouyahia et l’ancien wali (préfet) d’Alger, Abdelkader Zoukh, ont eux quitté le tribunal d’Alger libres, selon des images diffusées par les télévisions privées.

Il n’a pas été possible de savoir dans l’immédiat sur quels faits Ahmed Ouyahia et Abdelkader Zoukh ont été interrogés et sous quel statut, témoins ou mis en cause.

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>>> À LIRE – En Algérie, la grande purge dans les milieux d’affaires proches de Bouteflika

Le sort judiciaire des autres personnes entendues n’était pas connu dans l’immédiat. Selon la chaîne nationale algérienne, plusieurs cadres des administrations en cause ont également été écroués.

Plusieurs richissimes et puissants hommes d’affaires algériens ont été placés en détention provisoire depuis la démission, le 2 avril, de l’ex-président Bouteflika, sous la pression d’un mouvement de contestation inédit.

La plupart sont suspectés d’avoir profité de leurs liens avec l’entourage de Abdelaziz Bouteflika pour obtenir des marchés publics et divers avantages.

« Purge »

Ahmed Ouyahia et Abdelkader Zoukh avaient déjà été entendus par la justice en mai, avec d’autres anciens hauts responsables, dans des enquêtes visant un autre homme d’affaires, Ali Haddad, fondateur et PDG du numéro 1 privé du BTP en Algérie et ancien patron des patrons, arrêté fin mars.

Ali Haddad, bénéficiaire d’importants contrats publics, et Mahieddine Tahkout sont considérés par des observateurs comme des contributeurs majeurs au financement de la campagne électorale du 4e mandat de Abdelaziz Bouteflika en 2014.

Fin avril, ont également été incarcérés trois frères de la famille Kouninef, propriétaire du groupe KouGC, spécialisé notamment dans le génie civil, l’hydraulique et le BTP et également attributaire d’importants contrats publics.

Certains observateurs craignent que ces récentes arrestations servent à offrir des « têtes » au mouvement de contestation, tout en procédant à une « purge » dans le cadre de luttes de clans au sein du pouvoir.

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