Côte d’Ivoire : le PDCI dénonce un « mauvais procès » fait à Bédié après ses propos sur les étrangers

Le parti de l’ex-président ivoirien Henri Konan Bédié a dénoncé « un mauvais procès fait au président Bédié », après la condamnation par le gouvernement de ses propos très polémiques contre les étrangers, à seize mois de l’élection présidentielle.

Henri Konan Bédié (Cöte d’Ivoire). © V. Fournier/Jeune Afrique

Henri Konan Bédié (Cöte d’Ivoire). © V. Fournier/Jeune Afrique

Publié le 11 juin 2019 Lecture : 2 minutes.

Face à la polémique, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a été contraint de prendre la parole, dénonçant des propos « sortis de leur contexte ». « Le gouvernement a choisi délibérément des morceaux des propos du président du PDCI sortis de leur contexte pour en faire une exploitation tendancieuse », a déclaré Jean-Louis Billon, le secrétaire exécutif chargé de la communication du parti, lors d’une conférence de presse convoquée en urgence lundi 10 juin.

Jean-Louis Billon a par ailleurs dénoncé « le laxisme des autorités » face aux problèmes évoqués par Henri Konan Bédié, les conflits intercommunautaires récurrents, l’orpaillage clandestin, et des nombreux cas de fraude, selon lui, sur l’identité ivoirienne.

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Des propos « d’une extrême gravité »

Samedi, le gouvernement ivoirien a condamné dans un communiqué des « propos d’une extrême gravité, appelant à la haine de l’étranger ». Trois jours plus tôt, devant des délégués de son parti qu’il recevait dans sa résidence de Daoukro, l’ex-président avait déclaré : « Actuellement, on fait en sorte que l’Ivoirien soit étranger chez lui. Mais les Ivoiriens n’accepteront jamais cela ».

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Dans cette intervention filmée et diffusée sur le site internet du PDCI, Henri Konan Bédié avait aussi incriminé « des étrangers armés » présents en Côte d’Ivoire. « Le moment venu, nous agirons, pour empêcher ce hold-up sur la Côte d’Ivoire sous le couvert d’orpaillage », a-t-il ajouté, évoquant « d’autres (étrangers) qu’on fait venir clandestinement » et à qui « on fait faire des papiers », possiblement pour « fausser les élections de 2020 ».

« La haine de l’étranger »

« Ces propos, d’une extrême gravité, appelant à la haine de l’étranger, sont de nature à mettre en péril, au-delà de la paix et de la cohésion sociale, l’unité nationale et la stabilité du pays », a fustigé le gouvernement, par la voix de son porte-parole, le ministre de la Communication, Sidi Touré.

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Mais pour Jean-Louis Billon, en revanche, l’ex-chef d’État « n’a fait que porter à l’attention de l’opinion (…) des faits troublants et récurrents, vécus par les populations ivoiriennes ».

En Côte d’Ivoire, où une partie importante des 25 millions d’habitants est issue de l’immigration, la question de la nationalité est sensible depuis l’apparition du concept d’« ivoirité », promu par Henri Konan Bédié lors de l’élection présidentielle de 1995, ce qui avait alors empêché la candidature d’Alassane Ouattara. Allié du président jusqu’à l’année dernière, le PDCI est depuis entré en lutte ouverte avec l’actuel chef de l’État dans la perspective de l’élection présidentielle d’octobre 2020, qui s’annonce déjà tendue.

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