Législatives au Tchad : N’Djamena dénonce les « injonctions » de Washington
Aucune date n’a pour l’heure été fixée pour la tenue des élections législatives, plusieurs fois reportées depuis 2015. Et tandis que l’ambassade des États-Unis plaide pour que « le processus soit crédible », N’Djamena rétorque que « les élections relèvent de la souveraineté d’un État ».
Le Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir) a vivement critiqué les « injonctions étrangères appelant le gouvernement à assumer ses responsabilités » pour la tenue de ce scrutin. Des législatives doivent avoir lieu en 2019, mais aucune date n’a encore été fixée. « Les élections relèvent de la souveraineté d’un État », a déclaré ce week-end à Bongor (sud) le secrétaire général du MPS, Mahamat Zene Bada.
Une réponse claire à Washington. Dans un communiqué publié la semaine dernière, l’ambassade des États-Unis avait en effet salué l’engagement pris par le pouvoir d’organiser des élections « cette année », mais également souligné « qu’il est essentiel que l’ensemble du processus électoral soit crédible ».
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À cet effet, l’ambassade avait notamment insisté pour « l’autorisation sans délai des partis politiques qui répondent aux critères établis légalement » et réclamé « le plein respect du droit des citoyens de se rassembler paisiblement, même lorsque le but du rassemblement est de critiquer le régime et d’inciter les citoyens à voter contre le parti au pouvoir ».
« Les élections ne sont pas dictées de l’extérieur. Le Tchad est un pays souverain », a rétorqué Zene Bada. Des élections sont prévues « dans le budget de 2019 (…) La Céni (commission électorale indépendante) est mise en place, la classe politique est d’accord pour aller aux élections. L’année 2019 est une année électorale. Tant pis pour ceux qui ne seront pas prêts. Nous irons avec ceux qui sont prêts et ceux qui veulent aller », a ajouté le responsable.
L’opposition en appelle à la communauté internationale
Les autorités tchadiennes ont interdit des marches organisées par la société civile et l’opposition en évoquant des « raisons sécuritaires liées à la menace terroriste ». Le président tchadien a par ailleurs menacé de rétablir la cour martiale, supprimée en 1993, pour faire face à la crise sécuritaire dans l’est du pays. En outre, le gouvernement a officiellement décidé la fermeture des réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter et WhatsApp depuis plus d’un an, pour des raisons de sécurité.
L’opposition tchadienne, divisée et faiblement représentée, a salué l’initiative américaine. Ainsi, l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) a appelé « les autres puissances occidentales à emboîter le pas aux États-Unis pour appeler le Tchad à se conformer à ses principes démocratiques ».
« Il était temps que les partenaires du Tchad qui vivent parmi nous rappellent à Déby les principes élémentaires de la démocratie. Les USA l’ont fait, on attend la France », a déclaré le président de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR), Saleh Kebzabo.
De son côté, le Parti pour les libertés et le développement (PLD) déplore « que le gouvernement tchadien ne soit pas capable d’organiser des législatives à une date fixée et que les puissances occidentales lui dictent de tenir des élections », a indiqué un responsable de ce parti d’opposition, Mahamat Ahmat Alhabo. « Il est opportun, selon cet opposant, que ses amis occidentaux qui le protègent, qui l’adoubent et qui le soutiennent dans tous les domaines, rappellent que Déby n’est pas un démocrate qui continue de violer les lois constitutionnelles, entre autres les libertés d’expression et de manifestation », a-t-il affirmé.
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