Entrer en résistance
Publié le 25 mars 2003 Lecture : 1 minute.
C’est donc reparti comme en l’an 40 ! L’Afrique risque d’être la grande perdante de la guerre qui oppose actuellement le président américain George W. Bush au dictateur irakien Saddam Hussein. Le continent, qui n’avait déjà pas les honneurs de la presse internationale, vient, subitement, de disparaître des newswires, des écrans de télévision et des ondes radiophoniques. « Comme après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, nous avons reçu pour instruction de ne pas encombrer le fil avec nos petites histoires africaines », confie un confrère agencier à Abidjan.
« Petites » ! Ce qualificatif en dit long sur la place de notre continent sur l’échiquier mondial. Les (interminables) négociations de paix en République démocratique du Congo, la reprise des combats au Burundi, l’épidémie de fièvre hémorragique au Congo-Brazzaville, la chute d’Ange-Félix Patassé en Centrafrique, la formation d’un gouvernement de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire, la « libérianisation » de l’ouest de ce pays, les élections législatives béninoises, la présidentielle au Nigeria, pour ne citer que ces exemples, passent au second plan pour faire place à une « guerre des grands ». Sophistiquée, exclusive, impériale et, forcément, mondiale.
États-Unis/Irak, Irak/États-Unis. Bush-Saddam, Saddam-Bush. Ces jours-ci, il n’y a plus rien d’autre à grailler, pour nous autres, comme pour les quotidiens. Les rédactions sont mobilisées sur ce front, les « émissions spéciales » tiennent désormais lieu de programme télé. À Jeune Afrique/l’Intelligent, il faut craindre le pire, comme lors de la guerre qui opposa Bush père au même Saddam en 1991. Il va sans doute falloir que certains d’entre nous entrions en « résistance » pour faire face au déluge provoqué par un conflit qui (je l’avais déjà écrit en 1991, provoquant l’ire de certains), après tout, n’est pas le nôtre. Histoire de rappeler que l’Afrique existe. Même si, dans cette affaire irakienne, elle a raté une occasion supplémentaire de faire connaître sa propre vision des problèmes du monde…
