Electrochoc!

Publié le 25 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

Avant de lancer, dans la nuit du mercredi 19 au jeudi 20 mars, ses missiles sur Bagdad dans l’espoir de tuer Saddam Hussein, qui, parmi les dirigeants du monde, le président Bush a-t-il prévenu ?
Tony Blair, bien sûr ! Qui d’autre ? José María Aznar ? Non, vous n’y êtes pas.
Il a chargé Colin Powell d’appeler Ariel Sharon pour l’informer.
Aucun autre non-Américain n’a été mis dans la confidence.
Ce n’est pas anecdotique, c’est symptomatique.
Le contrôle de l’Irak par les États-Unis, en cours de réalisation, est bien une entreprise anglo-israélo-américaine dont le but est de faire main basse sur le Moyen-Orient.
Nous la verrons se développer méthodiquement dans les prochains mois et les prochaines années ; elle prendra, sous nos yeux, la forme d’un néo-impérialisme.
Ses chances de réussite dépendent moins de ses auteurs, dont on connaît les redoutables capacités, que des hommes et des pays visés : sont-ils aussi colonisables que le pensent Rumsfeld, Perle et Wolfowitz ? Nul ne le sait à ce stade, pas même les intéressés.
Ce qu’on sait, en revanche, c’est que l’impérialisme, comme le colonialisme, est un électrochoc : il réveille l’organisme qui le subit et provoque en retour une réaction.

Le Moyen-Orient arabe est depuis trop longtemps immobile, comme pétrifié. Ses dirigeants sont pour la plupart des gérontes momifiés imperméables aux idées nouvelles et allergiques au changement.
Le président égyptien Hosni Moubarak, 74 ans, au pouvoir depuis plus de deux décennies, n’a pas d’héritier. Le roi Fahd d’Arabie saoudite a 80 ans et n’exerce plus le pouvoir. Son successeur, le prince héritier Abdallah, a 78 ans ; l’émir du Koweït, le cheikh Jaber, 74 ans… Saddam Hussein lui-même a plus de 65 ans : même s’il n’était pas la cible de l’armée américaine, il ne resterait pas beaucoup plus longtemps à son poste.

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L’occupation de l’Irak par l’armée américaine succède à celle de la Palestine par Israël. Et précède les menaces qu’Israël fera bientôt peser sur le Liban et la Syrie. Si ces énormes pavés dans la mare, ces douloureux « coups de pied au c… » ne réveillent pas la région et n’obligent pas sa jeunesse à tenter de se libérer de ses chaînes (et à secouer les cocotiers), c’est que cette partie du monde arabe est encore colonisable.

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