Vingt ans après les Accords de Cotonou, 12 recommandations pour les futures relations UE-Afrique

Alors que les accords de Cotonou signés en 2000 entre les 48 pays d’Afrique subsaharienne et l’Union européenne expireront le 29 février 2020, les négociations ont débuté entre les deux parties pour repenser leur partenariat.

Lors du sommet UA-UE à Abdijan, le 29 novembre 2017. © Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA

Lors du sommet UA-UE à Abdijan, le 29 novembre 2017. © Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 12 juin 2019 Lecture : 4 minutes.

L’Institut Montaigne rend publiques, ce 12 juin, dans un rapport de 72 pages (1), ses propositions pour que le futur partenariat entre les pays d’Afrique subsaharienne et l’Union européenne « s’érige en un partenariat riche, exemplaire, apuré des scories du passé qui empêchent toute construction solide et durable ».

Le contexte a beaucoup changé en vingt ans. Les liens entre l’Afrique et l’Europe se sont distendus. Les défis démographiques de l’Afrique, le réchauffement climatique et les phénomènes migratoires ont compliqué leur relations. Sur les deux continents, on s’est persuadé peu à peu que seul le développement de l’entreprise privée apporterait les emplois dont le continent africain a un besoin urgent pour les 30 millions de jeunes qui arrivent chaque année sur son marché du travail. C’est pourquoi l’Institut Montaigne formule douze recommandations pour structurer l’entreprise commune afro-européenne.

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Ces derniers ont été adoptés en 2015 par l’ensemble des pays de la planète, où la lutte contre la faim marche de pair avec la consommation responsable ou encore la justice et la paix. L’objectif est de partager ensemble « une vision commune de la transformation du monde ».

  • Mettre en place une chambre arbitrale euro-africaine

Celle-ci serait compétente « sur les litiges commerciaux, financiers et judiciaires qui touchent les entreprises européennes en Afrique et africaines en Europe ».

  • Bâtir une offre européenne intégrée publique/privée pour les infrastructures

Son objectif serait de combiner soutenabilité financière, caractère durable, maintenance, formation et rapidité d’exécution.

  • Cibler des industries d’intérêt commun en Afrique

Il s’agirait de construire avec elles un modèle d’ouverture graduée aux marchés internationaux, afin d’accompagner et de faire grandir la création de chaînes de valeur africaines et de champions régionaux et, in fine, afin de les soutenir dans leur stratégie d’export à l’international, particulièrement en Europe.

  • Optimiser les recettes fiscales
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L’institut recommande d’« orienter davantage de financements vers la formation des administrations fiscales africaines » ; d’utiliser de plus en plus le numérique pour faciliter la collecte des impôts ; et enfin de « travailler aux côtés des États africains à des solutions fiscales et de protection sociale permettant une démarche flexible et graduée selon le degré d’insertion des acteurs économiques dans le secteur formel ou informel ».

  • Épauler l’agriculture vivrière

Dans le domaine agricole, l’institut préconise d’« augmenter le montant des financements dédiés aux petits agriculteurs et aux exploitations familiales via l’appui aux initiatives privées et l’échange d’expertises avec les agriculteurs européens ».

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>>> À LIRE – Francesco Pierri (FAO) : « Aujourd’hui même les bailleurs internationaux soutiennent l’agriculture familiale »

  • Partager l’expertise institutionnelle

L’Union européenne a mis en place de puissants mécanismes politiques, économiques, sectoriels et devrait partager son expertise d’intégration acquise en soixante années d’existence avec l’Union africaine au moment celle-ci crée sa Zone de libre-échange continentale (Zlec).

  • Miser sur la formation

La formation en Afrique devrait recevoir plus de financements européens pour développer les compétences techniques dans l’agriculture, l’industrie ou le tertiaire, mais aussi les compétences professionnelles des femmes et la maîtrise par tous du numérique que ce soit dans le secteur formel ou informel.

  • Favoriser les équipes mixtes pour les missions d’assistance techniques

L’institut Montaigne conseille de réorienter l’assistance technique de l’UE vers le secteur privé et l’amélioration du climat des affaires, mais en évitant les incompréhensions grâce à la constitution d’équipes mixtes Europe-Afrique.

Cette recommandation vise autant les PME africaines que les PME européennes. Pour leur faire savoir comment profiter des financements européens, une piste pourrait être la création de chambres de commerce et d’industrie européennes en Afrique.

  • Développer les financements public-privé

L’association d’aides publiques au développement avec des financements privés permettrait de soutenir des projets certes plus risqués, mais aussi plus susceptibles d’un fort entraînement sur l’économie et la croissance.

  • Soutenir la structuration en réseau des acteurs économiques

L’institut recommande enfin de cartographier, structurer et animer un réseau de nouveaux acteurs économiques, politiques et culturels africains. Il s’agirait notamment d’« accentuer l’effort financier dédié au renforcement des organisations, des compétences et de la gouvernance de ces structures ».

Il faut faire vite, car «, sur le continent africain, l’Europe ne fait plus rêver. Si l’on n’y prend garde, elle pourrait parfois être perçue comme fermée et vieillissante, tandis qu’en Europe, l’Afrique pourrait apparaître souvent comme menaçante. Et pourtant, l’Europe et l’Afrique ont bel et bien une destinée commune qui nécessitera beaucoup d’énergie, d’innovation et d’intelligence collective pour la bâtir ensemble », estiment les auteurs du rapport. L’avenir de 500 millions d’Européens et de plus d’un milliard d’Africains en dépend.

(1) Pour un nouveau partenariat UE-Afrique, Institut Montaigne.

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