Des idées et de la volonté

Publié le 25 février 2003 Lecture : 3 minutes.

PPTE, Nepad, Ohada… autant de sigles barbares pour désigner des outils censés doper un investissement bloqué à des niveaux toujours aussi bas en Afrique. L’année 2001, comme les précédents millésimes, n’a pas failli à la tradition, le continent dans son ensemble collectant à peine plus de 2 % des investissements directs étrangers (IDE). Traduisant la confiance des investisseurs dans un pays, les IDE symbolisent l’ouverture à l’économie mondiale. Sur la base des derniers chiffres, on en déduit donc que l’Afrique garde une position marginale vis-à-vis des mouvements de capitaux mondiaux, boudée par des investisseurs avides de sécurité et de visibilité quant à la gestion des risques. L’Afrique est d’ailleurs la seule à paraître aujourd’hui aussi déconnectée du reste du village planétaire, très loin derrière l’Asie et l’Amérique. Dans ce contexte, on se demande quelles peuvent être les retombées possibles des mécanismes de soutien économiques et juridiques mis en place ces dernières années. Il est certainement un peu tôt pour le dire, même si l’ensemble des opérateurs reconnaît que ce type d’initiatives va dans le bon sens.
Formulé en 2001, le Nouveau Partenariat économique pour le développement de l’Afrique (Nepad) est aujourd’hui le plus attendu et le plus spectaculaire de ces mécanismes de soutien à l’investissement. Le Nouveau Partenariat ne s’inscrit-il pas, selon ses promoteurs, « dans une stratégie d’ouverture et d’insertion dans la globalisation, avec pour but notamment de promouvoir les IDE et d’accroître les flux commerciaux régionaux » ? Il a, en tout cas, le mérite de mettre le secteur privé au coeur des processus de développement. Il est aussi perçu comme une initiative prometteuse, qui doit, dans un premier temps, permettre de remédier à l’atomisation des marchés africains, en soutenant la création d’un ensemble régional plus séduisant pour les investisseurs. Il met surtout l’accent sur la nécessité pour les pays d’Afrique de remplir un ensemble de conditions – paix, sécurité, bonne gouvernance, etc. – préalables à toute stratégie de développement et susceptibles de rassurer le secteur privé international en lui procurant un environnement propice aux affaires. Reste que, jusqu’à maintenant, il n’a pas encore été possible de dépasser le stade des bonnes intentions. Le processus de décaissement des fonds n’a toujours pas été défini, alors que l’articulation entre partenaires privés et publics est encore à trouver. Bref, les investisseurs attendent encore d’être convaincus.
Plus que le soutien à l’investissement direct étranger, l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), lancée durant la seconde moitié des années quatre-vingt-dix, a pour objet d’alléger la dette des pays bénéficiaires et de leur permettre de lancer les réformes nécessaires à l’assainissement de leur économie. Le processus consiste à réinvestir sur place les montants dégagés de la dette multilatérale. Sans revenir sur la complexité, les multiples contraintes et le déroulement d’une telle initiative, elle apparaît surtout comme une solution venue des bailleurs de fonds, contrairement au Nepad, qui laisse aux Africains le soin de décider eux-mêmes, en accord avec les investisseurs privés, de leurs besoins en infrastructures.
Enfin, signé en 1993, le traité relatif à l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada) pourrait être la pierre angulaire capable de fournir au continent le cadre juridique dont il a besoin pour assurer son développement et rassurer ses investisseurs. Sur ce dossier comme sur les autres, il reste maintenant à poursuivre la dynamique enclenchée et à espérer que les pratiques avancées par cette organisation (qui regroupe aujourd’hui seize pays membres) viendront, à terme, « contaminer » le reste du continent.

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