Tunisie : une première centrale solaire annoncée pour la fin juin
Avec sept mois de retard, la première centrale solaire tunisienne, installée à Tozeur, devrait être opérationnelle à la fin du mois. Mais la part des énergies renouvelables dans le mix tunisien reste bien faible.
Construits à Tozeur, au sud du pays, par les italiens TerniEnergia puis Enerray, les panneaux photovoltaïques (PV) fourniront une puissance de 10 mégawatts. Géré par la Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg), le site Tozeur 1 a coûté environ 11,5 millions d’euros, financé essentiellement par un emprunt auprès de la banque de développement allemande KfW avec un taux d’intérêt inférieur à 1 %.
la KfW financera aussi pour le même montant une extension de la centrale, Tozeur 2, elle aussi d’une capacité de 10 MW. L’emprunt – dont le taux d’intérêt avoisinera les 0,7 % – englobe, outre la construction des panneaux photovoltaïques fabriqués cette fois-ci par le français Gensun (propriété du groupe Ponticelli Frères), l’acquisition de batteries de stockage, une technologie inédite en Tunisie qui doit permettre de conserver l’électricité produite. Cette seconde tranche devrait être mise en route début 2020.
Un processus à enclencher
La Tunisie a pour ambition de produire 30 % de son électricité en énergies renouvelables (ER), dont un peu plus de la moitié via le solaire. Aujourd’hui, la part d’ER n’est que de 3 %. L’Agence nationale de la maîtrise de l’énergie (ANME) prévoyait que la filière PV puisse produire 190 Mw d’ici 2020.
On en est encore loin : au mieux, les sites de Tozeur fourniront 20 MW. D’autres appels d’offres sont en cours, mais les retards s’accumulent car ce n’est que très récemment que la Tunisie s’est doté d’une législation et d’une procédure cadrée pour la fabrication et la vente d’ER.
>>> À LIRE – Tunisie : la ruée vers les énergies solaire et éolienne
« Ça prend du temps, le déclic n’est pas encore arrivé. Il faut attendre la mise en place d’un deuxième ou troisième projet, mais cela se fera », assure à Jeune Afrique le responsable des projets énergies au sein de KfW en Tunisie, Ali Ben Hmid, qui se dit confiant.
Pas de centrale thermodynamique tunisienne avant six ans
Les énergies renouvelables, notamment le solaire, doivent être aussi sources de revenus pour le pays. Les investisseurs privés peuvent participer aux appels d’offre et exporter l’énergie produite. Un câble sous-marin à destination de l’Italie est en cours d’étude et pourrait voir le jour en 2025, selon le ministère de l’Industrie. Il permettrait de transporter l’énergie de l’autre côté de la Méditerranée.
Mais pour cela, il faut produire de l’énergie en continu, ce que ne permet pas la technologie des centrales photovoltaïques. Seules les centrales thermodynamiques à concentration (CSP) en sont capables et l’unique projet CSP tunisien n’est pas attendu avant, au mieux, six ans.
Dans ce domaine, le Maroc est largement en avance avec le complexe Noor, l’un des plus puissantes du monde avec une capacité de 2 000 MW d’ici 2020.
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