David contre Goliath

Face à l’écrasante supériorité technologique des Anglo-Américains, que peuvent faire les 150 000 à 250 000 Irakiens en état de combattre ?

Publié le 25 mars 2003 Lecture : 3 minutes.

En finir au plus vite. Tel est le leitmotiv de l’administration américaine depuis le déclenchement de sa guerre contre l’Irak, le 20 mars à l’aube. Contraints de lancer leur offensive sans mandat de l’ONU, les États-Unis se doivent de boucler au plus tôt – en limitant, des deux côtés, le nombre de morts – son opération « Liberté en Irak ». Malgré une supériorité technologique incontestable, l’armée américaine devra faire face à une inconnue de taille : la capacité de réaction de l’Irak.
Officiellement, l’armée irakienne compterait 430 000 hommes, auxquels viendraient s’ajouter 650 000 réservistes. Un effectif impressionnant au regard des 250 000 soldats qui composent les forces américano-britanniques. Mais combien sont opérationnels ? De nombreux experts estiment que seuls 150 000 à 200 000 hommes seraient en état de combattre. Et ne disposeraient, qui plus est, que de faibles réserves de munitions. Largement amoindrie par l’offensive alliée de 1991, l’armée irakienne n’a plus rien à voir avec celle déployée lors de la guerre avec l’Iran (1980-1988) et de l’invasion du Koweït en août 1990. Et l’embargo qui a suivi la première guerre du Golfe a empêché l’Irak de reconstituer des effectifs opérationnels.
Principalement postée autour de Bagdad, la Garde républicaine est réputée mieux armée que les troupes régulières. Les 50 000 à 80 000 hommes qui la composent, placés sous le commandement du fils cadet de Saddam Hussein, Qossaï, disposeraient d’un équipement plus moderne. Chargés d’assurer la protection du régime, les quelque 20 000 hommes de la Garde républicaine spéciale qui stationnent dans la capitale et dans ses environs pourraient donner du fil à retordre à l’armée américaine. S’ils restent, jusqu’au bout, fidèles à Saddam…
Le déficit de maintenance et de pièces détachées et l’absence de renouvellement du matériel du fait de l’embargo touchent l’ensemble des forces irakiennes. Sur les 1 800 à 2 000 chars, les 375 hélicoptères, les 3 500 véhicules blindés revendiqués par Bagdad, combien sont réellement en état de fonctionnement ? L’aviation irakienne, équipée d’appareils soviétiques et français, ne compte plus que 300 chasseurs. Largement prise pour cible, depuis 1991, par les raids anglo-américains, la défense aérienne est encore assurée par 17 000 hommes et 400 batteries de missiles antiaériens à longue et moyenne portée (1 100 à courte portée). Malgré ce déséquilibre des forces, l’armée américaine ne sous-estime pas son adversaire. L’administration Bush est toujours préoccupée par les armes de destruction massive qui auraient échappé aux inspecteurs de l’ONU, et par le potentiel « chimique » irakien.
L’impressionnante armada « alliée » déployée au Moyen-Orient depuis quelques mois affiche un effectif de 250 000 hommes, dont 43 500 militaires britanniques. C’est le général Tommy Franks qui est chargé de diriger l’attaque, depuis son poste de commandement central basé au Qatar, à proximité du théâtre des opérations. Devant les réticences de l’Arabie saoudite à voir son territoire servir de base arrière – quelque 8 000 hommes sont tout de même stationnés à Riyad -, les Américains se sont rabattus sur les autres États du Golfe : 5 000 militaires sont postés à Bahreïn, 8 000 au Qatar, 3 000 à Oman et 1 200 dans les Émirats arabes unis. Sans compter les quelque 45 000 hommes basés sur les 6 porte-avions qui croisent dans le golfe Persique, en mer d’Oman et en mer Méditerranée.
Les forces spéciales, fortes de plusieurs milliers d’Américains, d’Australiens et de Britanniques, ont été déployées sur le territoire irakien avant même le début de l’offensive. Elles ont été chargées de surveiller les puits de pétrole à l’ouest et dans le nord de Bagdad. Et de confirmer sur le terrain que les cibles, prises par photos satellite, ne sont pas des leurres.
Le Koweït concentre le gros des troupes avec un total de 148 000 militaires, dont 26 000 Britanniques. C’est du désert koweïtien qu’a été lancée, dans la nuit du 19 au 20 mars, la première offensive terrestre américaine. Son objectif : sécuriser les installations pétrolières du Sud, prendre – notamment – le contrôle de la ville portuaire de Bassorah et gagner Bagdad. Avec l’appui de quelque 75 hélicoptères de combat et 530 chars.
L’aviation n’est pas en reste : le dispositif aérien compte plus de 500 avions basés principalement au Koweït, en Arabie saoudite et à Oman. Aux chasseurs bombardiers F-15 et F-16, il faut ajouter les bombardiers furtifs B-2 et les bombardiers lourds B-52 à très long rayon d’action (12 000 à 14 000 km), basés en majorité dans l’océan Indien, sur l’île britannique de Diego Garcia.
Fidèles à leur doctrine, selon laquelle le principal objectif est de « décapiter » le régime irakien, les Américains ont axé leurs premières frappes sur Bagdad, visant directement Saddam Hussein. Un objectif qui, s’il était atteint, permettrait aux États-Unis d’éviter la campagne terrestre tant redoutée.

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