Circumnavigation sur une mer de mots

Publié le 25 février 2003 Lecture : 2 minutes.

Vous pensez qu’une girafe est un mammifère au long cou friand de feuilles d’acacias ? Détrompez-vous. C’est aussi une voile de forme trapézoïdale très haute et étroite qu’on trouve sur le mat de misaine de certains grands voiliers, en particulier les goélettes.
Une gazelle ? C’est aussi un voilier de pêche à l’arrière-pont pointu typique de la côte vendéenne (ouest de la France) dont la coque présente une étrave presque verticale, et qui était utilisée entre 1900 et 1930 pour la pêche à la sardine et la pêche au thon.
Un perroquet ? C’est un oiseau gouailleur qui répète les pires injures du capitaine Haddock, mais aussi une voile carrée située au-dessus du hunier, sur les grands voiliers. De même que la perruche et le cacatois, les noms d’oiseaux exotiques servent à nommer des voiles haut perchées du gréement.
Plus classique : le bois d’ébène est un bois sombre fréquemment utilisé dans la statuaire africaine, mais aussi une métaphore employée par les négriers pour déshumaniser leurs cargaisons d’esclaves noirs.
Quant au mot sorcier, il désigne un homme aux pouvoirs surnaturels, mais aussi le baromètre utilisé en mer, puisque « de ce qu’il indique dépend le sort d’une navigation ».
Et puis il y a le lapin… Quoi, le lapin ? me direz-vous, ça se mange en civet au grand dam des Anglais… Et bien apprenez que le mot lapin est rigoureusement proscrit sur un bateau. La légende veut qu’au temps de la marine à voile, les lapins aient provoqué des naufrages en rongeant la coque des navires en bois et en s’attaquant aux cordages. La superstition interdit donc de prononcer le nom de l’animal maudit. En cas d’extrême nécessité, on l’appellera « cousin du lièvre », « quatre pattes » ou « grandes oreilles ». Portent aussi malheur : une femme dans l’équipage, une paille sur le pont, du porc au menu…
Du A d’alfa (qui correspond à un pavillon blanc et bleu) à zones de météo marine, Christophe Hardy nous invite à un extraordinaire voyage en bateau parmi les mots de la mer. Certains, déjà connus, recèlent des trésors de significations, quand d’autres nous séduisent par leurs sonorités : videlle, réespalmer, néréis, poupart, praos, polludrome, listao, cirripède et autres couyambouc… L’auteur ne se contente pas d’expliquer chaque mot, il les illustre avec des extraits de poèmes et de textes. Une pêche aux citations qui fera le bonheur des lecteurs, navigateurs toujours en quête de mondes nouveaux.

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