Algérie : Ahmed Ouyahia, ex-Premier ministre de Bouteflika, placé en détention provisoire

Coup de tonnerre à Alger. L’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia a été placé mercredi sous mandat de dépôt par un juge d’instruction de la Cour suprême, dans le cadre de l’affaire visant le businessman Mahieddine Tahkout.

Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia, lors d’une conférence de presse à Alger en juin 2017. © Sidali Djarboub/AP/SIPA

Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia, lors d’une conférence de presse à Alger en juin 2017. © Sidali Djarboub/AP/SIPA

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Publié le 12 juin 2019 Lecture : 3 minutes.

L’ancien chef de gouvernement Ahmed Ouyahia est arrivé mercredi en début d’après-midi dans le bâtiment de la Cour suprême. Il a été longuement auditionné par le juge en charge de l’enquête sur le patron Mahieddine Tahkout, avant d’être mis en examen pour plusieurs chefs d’inculpation. Il sera transféré à la prison d’El Harrach, où sont déjà incarcérés plusieurs hommes d’affaires inculpés dans le cadre d’enquêtes sur des affaires de corruption présumée.

L’ex-Premier ministre, 66 ans, avait été mis en examen lundi 11 juin par un juge d’instruction du tribunal d’Alger dans le cadre de l’affaire visant Mahieddine Tahkout, proche de l’ex-président Bouteflika. Deux anciens ministres, un actuel ministre, cinq anciens walis (préfets) et deux walis en exercice sont poursuivis pour le même dossier.

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Il est reproché aux prévenus huit chefs d’inculpation : blanchiment d’argent, transfert de biens obtenus par des faits de corruption, dilapidation de deniers publics, abus de pouvoir volontaire à l’effet d’accorder d’indus privilèges en violation des lois et réglementations, conflit d’intérêts avec violation des procédures en vigueur en matière de marchés publics, au bénéfice du pouvoir et de l’influence des agents de l’État, et incitation d’agents publics à exploiter leur influence effective et supposée dans le but de bénéficier d’indus privilèges.

Les délits incriminés tombent sur le coup de la loi n°06 – 01 du 20 février 2006 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption, adoptée à l’époque où Ahmed Ouyahia était encore chef du gouvernement. La Cour suprême a confirmé que c’était bien sur cette base qu’il était poursuivi, précisant les quatre chefs d’inculpation retenus, passibles de deux à dix ans de prison : octroi d’indus avantages dans les marchés et contrats publics, dilapidation de deniers publics, abus de fonction et conflit d’intérêt.

D’autres ministres poursuivis

Quatre fois à la tête du gouvernement depuis 1995 – dont trois sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika – , Ahmed Ouyahia, débarqué de la primature le 11 mars dernier, avait déjà été entendu par un juge du tribunal de Sidi M’hamed, dans le centre d’Alger, dans le cadre d’une affaire en instruction dans laquelle est cité Ali Haddad, patron du groupe ETRHB et ancien président du patronat algérien, en prison depuis le 3 avril dernier.

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Depuis le départ du pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika sous la pression d’une contestation massive, la justice a ouvert une série d’enquêtes sur des faits de corruption visant plusieurs puissants hommes d’affaires et de hauts responsables de l’État. L’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui a dirigé le début de campagne électorale pour le cinquième mandat de Bouteflika, est également visé par ces poursuites. Son dossier avait été transmis en mai dernier à la Cour suprême. D’autres anciens ministres, Amara Benyounès, Karim Djoudi, Amar Ghoul, Abdelghani Zaalane, Amar Tou, Boudjemaa Talai, Abdelkader Bouazghi et Abdeslam Bouchouareb, sont également visés par ces procédures engagées au niveau de la Cour suprême.

Ouyahia, « l’homme des sales besognes »

C’est la première fois qu’un Premier ministre algérien fait l’objet d’une incarcération pour des délits économiques. Jadis fidèle parmi les fidèles du président déchu, Ahmed Ouyahia, qui avait occupé les fonctions de ministre de la Justice entre 1999 et 2002, passait pour être l’un des candidats crédibles à la succession de Bouteflika. Impopulaire en raison de politiques d’austérité conduites au milieu des années 1990, ainsi que pour son implication dans l’incarcération de plusieurs centaines de cadres d’entreprises publiques à la même époque, Ouyahia a toujours assumé et revendiqué cette réputation d’homme de basses besognes.

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Ces enquêtes, qui touchent plusieurs hommes d’affaires et responsables politiques tous affiliés au cercle présidentiel, illustrent l’ampleur de la corruption durant le règne du président Bouteflika, qui avait pourtant fait de la lutte contre le pillage et la dilapidation des deniers publics l’un des crédos de sa gouvernance.

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