Ce n’est même plus un tabou

Publié le 25 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

«Les conditions de l’arrestation du dirigeant d’el-Qaïda Khaled Cheikh Mohamed sont la dernière indication que le tabou sur la torture a été levé », écrit l’hebdomadaire américain de gauche The Nation dans un article à paraître le 31 mars, avec en exergue une citation de Jean-Paul Sartre. The Nation craint que désormais « beaucoup d’Américains ne considèrent que la torture est justifiée ».
Parmi les signes manifestes de cette dangereuse tendance, des propos tenus sur la chaîne CNN par le sénateur démocrate Jay Rockefeller IV, vice-président de la commission du Sénat sur le renseignement : « En ce qui concerne Cheikh Mohamed, je ne reculerai pas devant les moyens à employer, parce que c’est un homme qui a tué des centaines et des centaines d’Américains ces dix dernières années. »
The Nation se réfère aussi à un article du Washington Post du 26 décembre 2002, où un officier des Forces spéciales américaines déclarait : « Si vous ne violez pas les droits de l’homme de temps en temps, c’est sans doute que vous ne faites pas votre travail. »
Le même article du Post estime qu’une centaine de prisonniers ont été envoyés dans d’autres pays où l’on ne recule pas devant la torture pour « leur faire cracher le morceau ». En Égypte, il serait courant, d’après le département d’État, « que les suspects soient déshabillés, qu’on leur mette un bandeau sur les yeux, qu’on les accroche au plafond, les pieds ne touchant pas le sol, qu’ils soient fouettés, frappés à coups de poings, de barres de métal ou d’autres objets, ou bien soumis à des décharges électriques ». Un suspect au moins a été expédié en Syrie, où l’on peut « arracher les ongles, enfoncer des objets dans le rectum, utiliser une chaise dont le dossier se plie en arrière pour asphyxier la victime ou lui briser la colonne vertébrale ».
Évoquant les tortures pratiquées en Israël ou pendant la bataille d’Alger, The Nation souhaite que s’ouvre aux États-Unis un large débat qui permette « de marquer la frontière entre la liberté et la sécurité, et de savoir si, après le 11 septembre, l’Amérique est toujours disposée à respecter les valeurs dont elle se réclame ».

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