Adieu la confiance !

Publié le 25 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

BIEN ENTENDU, l’Amérique l’emportera sur le champ de bataille, probablement sans grandes difficultés. Je ne suis pas un expert militaire, mais je regarde les chiffres : le dernier budget militaire américain s’élevait à 400 milliards de dollars, celui de l’Irak à 1,4 milliard seulement.
Ce qui me fait peur, c’est l’après-guerre, et je ne parle pas seulement des problèmes posés par l’occupation. Je m’inquiète de ce qui se passera au-delà de l’Irak, dans le monde en général et aux États-Unis.
Les membres de l’équipe Bush ne paraissent pas se soucier de l’énorme agacement qu’ils ont provoqué dans le reste du monde. Ils semblent croire que les autres pays changeront d’état d’esprit lorsqu’ils verront les Irakiens applaudir les troupes américaines, ou que la peur des bombes américaines réduira le reste du monde au silence, ou que ce qu’on pense dans le monde n’a aucune importance. Ils se trompent complètement. La victoire en Irak ne dissipera pas la méfiance qu’on éprouve dans le monde à l’égard des États-Unis, parce que l’administration Bush a montré, à maintes et maintes reprises, qu’elle ne joue pas le jeu.
Rappel : cette administration a envoyé promener l’Europe à propos du réchauffement du climat, elle a envoyé promener la Russie à propos des missiles, elle a envoyé promener les pays en développement à propos des médicaments essentiels, elle a envoyé promener le Mexique à propos de l’immigration, traité les Turcs comme les derniers des derniers et rejeté le Tribunal pénal international (TPI) le tout en deux ans à peine.
De même, comme nous venons de le constater, la puissance militaire ne remplace pas la confiance. Apparemment, l’administration Bush a pensé qu’elle pouvait forcer la main au Conseil de sécurité des Nations unies. Elle a vu que ce n’était pas le cas. « Que peuvent nous faire les Américains ? a demandé un dirigeant africain. Nous bombarder ? Nous envahir ? »
Autre remarque : les États-Unis ont besoin de 400 milliards de dollars par an d’investissements étrangers pour couvrir leur déficit commercial, sinon le dollar plongera et le déficit budgétaire sera encore plus difficile à financer. Or il y a déjà des signes que le flux de l’investissement étranger se tarit, juste au moment où il semble que l’Amérique va s’engager dans toute une série de guerres.
Il est bien connu que cette guerre avec l’Irak est sortie tout armée de la tête d’intellectuels néoconservateurs, pour lesquels c’est un projet pilote. En août 2002, un dirigeant britannique proche de l’équipe Bush déclarait à Newsweek : « Tout le monde veut aller à Bagdad. Les gens sérieux veulent aller à Téhéran. » En février 2003, selon le quotidien israélien Ha’aretz, le sous-secrétaire d’État John Bolton aurait expliqué à des responsables israéliens qu’après la défaite de l’Irak, les États-Unis « s’occuperaient de l’Iran, de la Syrie et de la Corée du Nord ».
À quand la prochaine ?

© The New York Times et J.A./l’intelligent 2003. Tous droits réservés.

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