Addis-Abeba et Asmara : drôles d’alliés

Publié le 25 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

Chaque pays membre de la coalition « contribue de la façon qu’il juge appropriée » à l’effort de guerre, expliquait le porte-parole du département d’État, Richard Boucher, peu avant le déclenchement des hostilités. Fort de quarante-cinq États, ce groupe des partisans de la manière forte inclut notamment deux États africains, l’Éthiopie et l’Érythrée. « Ces pays ont un rôle à jouer dans le désarmement de l’Irak », estime les diplomates de Washington. Reste à savoir lequel.
On voit mal comment les autorités d’Addis-Abeba ou d’Asmara peuvent s’impliquer dans la croisade américaine contre Bagdad. Non seulement le rôle de ces deux États est loin d’être déterminant, mais il n’a donné lieu à aucune explication officielle de la part des intéressés. Seul commentaire, pour le moins évasif, celui d’Ogbai Habtemikael, directeur de cabinet du ministre érythréen des Affaires étrangères : à l’instar de la Turquie ou de la Grande-Bretagne, « les autres pays membres de la coalition apportent leur propre contribution à l’effort de guerre. Mais nous, nous n’avons rien à offrir de comparable. »
Pour les États-Unis, le ralliement de deux capitales d’Afrique de l’Est n’est pas essentiel, mais constitue un plus appréciable. Tout d’abord, il allonge la liste de ses alliés, et légitime donc un peu plus son combat aux yeux du reste du monde. Ensuite, il renforce son leadership dans la Corne de l’Afrique, suspectée de servir de base arrière à el-Qaïda. Les Américains ont en outre prépositionné des troupes à Djibouti (environ 1 600 hommes à terre et 400 autres à bord du navire USS-Mount-Whitney), et préfèrent savoir leur base entourée de pays amis plutôt qu’hostiles.
Tout comme les chefs d’État ougandais, rwandais et sud-africain – Yoweri Museveni, Paul Kagamé et Thabo Mbeki -, les dirigeants de l’Éthiopie et de l’Erythrée ont été identifiés par Washington dans les années quatre-vingt-dix comme les « New Leaders » capables de dynamiser le développement du continent. Depuis, le président érythréen Issayas Afewerki et le Premier ministre éthiopien Mélès Zenawi restent d’indéfectibles compagnons de route de la Maison Blanche. Et, au moment où la famine touche près de 18 millions de personnes dans la sous-région, les gouvernants comptent bien sur la générosité des États-Unis pour éviter le pire.
Enfin, si seulement deux États d’Afrique se sont officiellement affichés aux côtés des Américains, d’autres soutiennent la guerre de manière plus informelle. C’est notamment le cas du Rwandais Paul Kagamé, qui compte sur l’aide américaine pour mener à bien le processus électoral en cours dans son pays : « S’il fallait choisir entre la guerre ou la paix, je choisirais automatiquement la paix. Mais s’il faut choisir entre la guerre ou le développement d’armes de destruction massive, j’estime que la guerre est préférable », a-t-il indiqué en marge du Sommet France-Afrique qui s’est tenu à Paris les 20 et 21 février dernier.

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