A chacun sa méthode

Publié le 25 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

L’eau est une denrée rare au Proche-Orient et dans de nombreux pays d’Afrique. Même l’Afrique du Sud, acteur économique majeur, est confrontée à un climat plus aride que ses voisins la Namibie ou le Botswana, pourtant déjà secs. Le continent possède certes d’importants cours d’eau et des grands lacs, mais les populations souffrent aussi de la présence de vastes étendues désertiques, comme le Sahara, le Kalahari ou le Namib. Avec la croissance démographique et un développement industriel et agricole exigeant en eau, la situation ne peut qu’empirer. En l’absence de concertation, les conflits de voisinage sur le partage de l’eau risquent de s’exacerber, comme le long du Nil, au Proche-Orient, ou encore entre la Namibie et le Botswana, concernant le delta de l’Okavango.
Dans plusieurs pays du Moyen-Orient, dont l’Arabie saoudite, l’eau est puisée dans les nappes phréatiques, mais cette solution est sans avenir en cas de surexploitation. Pour les nappes situées le long du littoral, comme en Israël ou dans la bande de Gaza, des infiltrations croissantes d’eau de mer rendent les réserves saumâtres et impropres à la consommation. Une autre solution consiste à dessaler l’eau de mer. Les pays du Golfe ont adopté cette technique, en particulier Bahreïn, où la population est presque entièrement dépendante du dessalement de l’eau de mer du Golfe pour son approvisionnement. De nombreux projets sont en cours ou prévus dans différents pays du Maghreb, en Libye, en Algérie et au Maroc. La diffusion de cette méthode reste encore limitée par son coût, mais les avancées technologiques la rendent de plus en plus attractive. L’avenir est donc aux stations de dessalement de petite dimension, alimentées avec des énergies renouvelables.
Toujours dans le registre industriel, les biotechnologies pourraient jouer un rôle considérable, avec de nouveaux micro-organismes efficaces dans la dépollution de l’eau. En allant jusqu’au bout de cette logique, il est possible de recycler pour la consommation les eaux usées et les eaux d’égout. Mais pour l’instant, seule la Namibie en a fait l’essai. Autre technique – moins probante – expérimentée depuis trente ans, celle qui consiste à traiter les nuages avec des avions pour provoquer des précipitations artificielles. En Afrique, le Maroc est pionnier dans ce domaine, en ayant lancé dès 1984, un programme baptisé Al-Ghaït (« la pluie »). Une opération similaire, baptisée Saaga, a été transposée au Burkina, avec, semble-t-il, davantage de succès qu’au Maroc. L’expérience montre toutefois que la technique est coûteuse, et qu’elle ne permet pas d’augmenter les précipitations localement de plus de 15 %. Le bilan global est par ailleurs peu convaincant, les pluies étant simplement déplacées.
Il existe aussi des moyens plus modestes, mais qui peuvent rendre de grands services. On pense en particulier aux fameux filets à brouillard mis au point en 1987 au Chili et qui sont en cours d’expérimentation dans le désert de Namibie. Chaque nuit de brouillard, de un à six litres d’eau potable sont captés pour un mètre carré de filet. Enfin, il ne faut pas oublier que la déforestation, dans des régions comme l’Afrique de l’Ouest, a joué un rôle majeur pour la réduction des pluies. Un reboisement à grande échelle permettrait, à terme, de relancer la machine climatique. On le voit, des solutions existent. Aussi est-il urgent que chaque pays puisse choisir en toute connaissance de cause les techniques qui lui sont les plus adaptées.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires