Niger : des manifestants mettent le feu à une église après l’arrestation d’un imam

Le lieu de culte a été incendié dans la nuit de samedi à dimanche à Maradi (sud), la troisième ville du pays, par des manifestants. Ils protestaient contre l’arrestation la veille d’un imam influent.

Mosquée – image d’illustration © DeGust – VisualHunt.com / CC BY-NC-ND

Mosquée – image d’illustration © DeGust – VisualHunt.com / CC BY-NC-ND

Publié le 16 juin 2019 Lecture : 2 minutes.

« Depuis deux heures du matin, on est restés éveillés, l’église de Zaria [un quartier populaire de Maradi] a été brûlée, la voiture du pasteur a été brûlée par de individus qu’on ne connaît pas. La gendarmerie est sur place, soyons prudents » a affirmé un responsable de l’église dans un message adressé à ses paroissiens.

Une source sécuritaire locale a « confirmé » l’incendie de cette église. « Quelques manifestants ont brûlé des pneus ce dimanche matin » et « les Forces de sécurité (FDS) sont sur le terrain », a poursuivi cette source, assurant que « le calme règne globalement dimanche à Maradi ». Selon des témoins, « samedi en fin soirée », des groupes de jeunes ont manifesté en posant des barricades sur la chaussée et en brûlant des vieux pneus.

Projet de loi

Selon ses proches, Cheick Rayadoune, influent imam de la mosquée de Zaria, a été arrêté samedi par la police après avoir qualifié vendredi « d’anti-islam » un projet de loi du gouvernement sur « l’organisation de l’exercice du culte au Niger ».

« Cette loi est le fruit des plusieurs consultations et concertations profonde (…). Dans le texte il n’y a rien d’anti-islam », a commenté un haut responsable du ministère nigérien de l’Intérieur, pour qui il s’agit d’éviter que « les dérives prônées par les organisations obscurantistes terroristes » ne prennent de l’ampleur dans le pays.

Prévenir les dérives

En 2017, le ministère nigérien de l’Intérieur avait regroupé tous les oulémas nigériens pour un colloque pour travailler sur le sujet.

Un projet de loi a été adopté fin avril en conseil des ministres, afin de « prévenir les risques de dérives constatées dans d’autres pays » et de donner les moyens à l’Etat de « contrôler les pratiques qui ont cours dans la sphère religieuse ».

Le communiqué du conseil soulignait alors une « absence totale de normes rigoureusement définies » concernant « l’exercice du culte » dans le pays, sur fond d’un « environnement sous-régional marqué par un développement de tendances religieuses fondamentalistes et extrémistes ». Le texte doit encore être adopté par le Parlement.

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