Un sommet pas si ordinaire

Publié le 24 janvier 2005 Lecture : 3 minutes.

Une conférence des chefs d’État des instances panafricaines à cette période de l’année ? L’événement est assez inhabituel pour être signalé. En réalité, c’est l’une des innovations qui distinguent l’Union africaine (UA) de feu l’OUA. Il faudra donc se faire à l’idée que les dirigeants africains se retrouvent deux fois par an au lieu d’une. L’objet est de demander au président en exercice, en l’occurrence le Nigérian Olusegun Obasanjo, de faire à ses pairs un bilan de mi-mandat.

Abuja, capitale fédérale du Nigeria, s’apprête donc à accueillir, les 30 et 31 janvier, une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement. Comme pour tout sommet, la rencontre sera précédée, le 28 janvier, d’une réunion du Conseil exécutif, composé des chefs de la diplomatie des pays membres. Les ministres devraient entériner le travail préparatoire effectué par le Comité des représentants permanents (Corep). La conférence d’Abuja aura un ordre du jour des plus classiques : rapport du président en exercice ; communication du président de la Commission de l’UA, le Malien Alpha Oumar Konaré ; un point sur les sempiternels arriérés de contribution avec son corollaire, les soucis budgétaires de l’UA ; la gestion des conflits, notamment la crise ivoirienne, la tension entre le Rwanda et la République démocratique du Congo et la question du Darfour. Ces dossiers ayant été abordés le 10 janvier à Libreville, le sommet d’Abuja ne devrait pas donner lieu à des débats passionnés. Toutefois, trois points, qui ne sont pas inscrits à l’ordre du jour, mais qui entrent dans la catégorie « divers », promettent de pimenter les discussions.

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Le premier concerne la désignation du pays qui accueillera le prochain sommet de l’UA, en juillet 2005, le Soudan s’étant désisté, Darfour oblige, au profit de la Libye. Or les textes de l’UA sont clairs : si un pays se désiste, il ne dispose pas du droit de proposer une solution de rechange et le sommet doit se tenir au siège de l’UA, c’est-à-dire à Addis-Abeba. De nombreuses capitales devraient se porter candidates. Abuja aura donc quelques saveurs épicées supplémentaires avec un bras de fer électoral.
Le deuxième sujet qui promet de rendre les assises africaines plus piquantes est directement lié à l’audition, le 18 janvier, de Condoleezza Rice par une commission du Sénat. La nouvelle secrétaire d’État américaine a en effet cité le Zimbabwe parmi « les six postes avancés de la tyrannie ». C’est la première fois qu’un pays africain figure dans l’axe du Mal. Le président zimbabwéen Robert Mugabe devrait trouver à Abuja matière à réconfort avec le soutien de ses pairs africains. Une résolution de solidarité, à l’instar de celle exprimée en décembre à Addis-Abeba au profit de Kofi Annan, alors en pleine tourmente, devrait conclure les travaux.
Le troisième point risque de provoquer une sérieuse empoignade : le projet de restructuration du Conseil de sécurité de l’ONU. On sait que trois pays africains briguent les deux postes de membre permanent au Conseil de sécurité, à savoir l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Nigeria, la candidature libyenne n’ayant aucune chance d’aboutir.

Mais deux thèses risquent de s’affronter lors des assises d’Abuja. La première estime que l’Afrique doit élire ses deux représentants, la seconde, qu’il doit y avoir une rotation parmi les 53 États membres de l’UA pour une meilleure représentativité du continent. Tout cela promet d’interminables palabres et une longue séance nocturne.

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