Sous d’heureux auspices

Le chef de l’État de l’archipel se rendra le 31 janvier en visite officielle en France. Une première dans l’histoire des relations entre les deux pays.

Publié le 24 janvier 2005 Lecture : 3 minutes.

C’est le 31 janvier 2005 que le président Azali Assoumani entamera la première visite officielle d’un chef d’État comorien en France. Prévue pour durer trois jours, cette visite fait suite à une invitation de Jacques Chirac, que le dirigeant comorien devrait rencontrer, à l’Élysée, le jour de son arrivée. Le président Azali sera accompagné d’une importante délégation de ministres mais aussi de parlementaires et de représentants des institutions de l’Union des Comores, comme le président de la Cour constitutionnelle. Des rencontres avec les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale français, ainsi qu’un entretien avec le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin figureront également au programme de ce séjour placé sous le signe de la normalisation.
Les relations franco-comoriennes ont connu des hauts et des bas depuis l’indépendance de ce petit pays de l’océan Indien, le 6 juillet 1975. Elles ont été empoisonnées par l’affaire de Mayotte. La quatrième île de l’archipel est restée française à l’issue d’un référendum d’autodétermination gagné à l’échelle nationale, par les indépendantistes, mais remporté localement par les tenants du maintien de « l’île au lagon » dans le giron tricolore. Pour « respecter la volonté exprimée par le peuple mahorais », les autorités françaises ont choisi de procéder à un décompte des voix d’île en île, et organisé ainsi et à leur profit une partition de fait de leur ex-colonie. Une décision jamais acceptée par les Comoriens, et contestée, en vain, devant les instances internationales. Par la suite, tant sous les présidents Soilih et Abdallah que sous Djohar – tous trois victimes de coups d’État, et, dans le cas des deux premiers, d’assassinats imputables aux mercenaires du tristement célèbre Bob Denard -, les Comores ont eu droit à plus que leur lot d’ingérences et de manoeuvres de déstabilisation, souvent avec « le feu orange de Paris ».
Mais le passé est le passé, et aucune des deux parties ne veut aujourd’hui raviver des polémiques en voie d’extinction. Les Comores feront le service minimum sur Mayotte. Le sujet sera évoqué courtoisement par le président Azali, sans plus : il vient d’abord chercher l’appui de la France auprès des institutions financières internationales. Les Comores négocient en ce moment avec les bailleurs de fonds un allègement de leur dette publique. Elles ont rempli l’essentiel des conditions posées par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale : la crise séparatiste anjouanaise a été réglée pacifiquement, et le processus de réconciliation nationale est allé à son terme, avec la tenue, en mars et avril 2004, des élections législatives dans les trois îles autonomes et dans l’Union, avec l’installation des nouvelles institutions prévues par la Constitution de décembre 2001.
Les lois organiques sur le partage des compétences entre État central et autorités insulaires ont été votées à plus de 75 %, et l’ordre a été remis dans les finances publiques après les dérapages constatés au premier semestre 2004, et qui étaient en bonne partie imputables aux élections. « C’est une visite qui va comporter beaucoup d’aspects protocolaires et officiels commente un diplomate français. C’est à dessein, pour mieux en souligner la portée politique. Elle doit s’interpréter à la fois comme un satisfecit pour le chemin parcouru depuis cinq ans, et un encouragement à continuer, car les Comores sont sur la bonne voie. »
Les questions techniques – circulation des biens et des personnes, politique des visas, etc. – et les détails de la relance de la coopération bilatérale seront abordés à Paris fin février par les experts des deux pays, à l’occasion d’une réunion de la commission mixte franco-comorienne. Cette coopération, gelée après le coup d’État du 30 avril 1999, s’est matérialisée l’an passé par une aide bilatérale d’environ 8 millions d’euros. Les Comoriens ne cachent pas leur souhait de voir la France redevenir leur premier partenaire dans le développement du pays, comme elle l’a été entre 1978 et 1998. Le dernier jour de la visite du président Azali sera consacré à une rencontre, à Lyon ou à Dunkerque, avec des représentants de la diaspora comorienne de France. Forte de 150 000 personnes, cette diaspora joue un rôle essentiel dans le financement de l’économie, puisqu’elle transfère chaque année 22 milliards de francs comoriens (44,7 millions d’euros), l’équivalent de 16 % du Produit intérieur brut comorien.

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