Services informatiques : microprogrès

Les sociétés high-tech étaient censées créer des milliers d’emplois chaque année et dynamiser les exportations. Mais leurs résultats ne sont pas encore à la hauteur des attentes.

Publié le 24 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

La Tunisie veut développer l’exportation de services informatiques à forte valeur ajoutée. Les incitations allant dans ce sens sont nombreuses. Mais les résultats apparaissent pour l’instant assez modestes. C’est ce qui ressort d’une étude sectorielle réalisée en décembre 2004 par l’économiste Faïçal Lakhoua pour le compte de la Fédération nationale des services de l’Utica, le patronat tunisien. Ce n’est pas faute d’avoir investi dans la formation : 10 000 nouveaux diplômés des technologies de l’information et de la communication sortent chaque année des écoles et instituts tunisiens. Ils ne parviennent d’ailleurs pas tous à s’insérer dans la vie active, ce qui constitue un motif de préoccupation croissant pour le gouvernement.
Le pays comptait, fin 2003, 265 sociétés de services et d’ingénierie informatiques (SSII). La plupart de taille modeste : 57 % d’entre elles emploient moins de 5 personnes, la part des entreprises informatiques employant 30 personnes ou plus se limite à 10 %. La Tunisie peut certes s’enorgueillir de quelques belles réussites, comme la technopole de l’Ariana. De grandes firmes étrangères, la suédoise Ericsson ou la franco-italienne STMicroElectronics, s’y sont implantées aux côtés de jeunes sociétés high-tech 100 % tunisiennes. L’Ariana est une belle vitrine. Mais c’est aussi un peu l’arbre qui cache la forêt. Car les SSII n’ont réalisé un chiffre d’affaires global « que » de 92,7 millions de dinars en 2001, soit une contribution au PIB à peine supérieure à 0,25 %.
Le pays ne manque pourtant pas d’avantages comparatifs. Le coût du travail d’un informaticien est compétitif : 10 euros l’heure, contre 70 en France. Le régime fiscal est favorable, particulièrement pour les entreprises exportatrices. En outre, pour toute embauche de nouveaux diplômés de l’enseignement supérieur, l’État prend en charge les cotisations patronales pendant cinq ans. Malgré cela, la branche informatique n’a pas décollé. Une situation, qui, selon Faïçal Lakhoua, tient à plusieurs facteurs. Les SSII sont restées très dépendantes des administrations et des entreprises publiques, leur principal client. La demande des sociétés privées est toujours d’une insigne faiblesse. Tout comme celle des particuliers. En dépit de mesures d’encouragement à l’équipement en ordinateurs, la consommation en biens et services informatiques est cinquante fois plus faible qu’en Europe. Le coût très élevé des connexions à Internet, notamment celles à haut débit, n’y est pas étranger.
La plupart des SSII se retrouvent donc enfermées dans un cercle vicieux. L’étroitesse de leur marché domestique ne leur permet pas de se développer suffisamment. Et la modestie de leur taille ne leur permet pas de démarcher à l’étranger. Ni d’investir suffisamment dans la recherche et l’innovation, la seule façon pourtant d’effectuer le saut qualitatif en se positionnant sur des domaines de pointe. Enfin, elles font peu jouer les synergies. Si elles veulent croître, les entreprises du secteur ne pourront donc pas, à plus ou moins brève échéance, faire l’économie d’alliances, de rapprochements et de fusions.

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