Affaire Khashoggi : des preuves suffisantes pour enquêter sur Mohamed Ben Salman, selon une experte de l’ONU

Des preuves suffisantes existent pour ouvrir une enquête sur la responsabilité de hauts responsables saoudiens, y compris le prince héritier Mohamed Ben Salman, sur la mort du journaliste Jamal Khashoggi, a déclaré une experte des droits de l’homme de l’ONU.

Le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salman recevant, en plein scandale Khashoggi, le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, le 16 octobre. © Leah Mills/AP/SIPA

Le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salman recevant, en plein scandale Khashoggi, le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, le 16 octobre. © Leah Mills/AP/SIPA

Publié le 19 juin 2019 Lecture : 2 minutes.

Après six mois d’enquête sur la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, la rapporteure spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, Agnès Callamard, a indiqué mercredi avoir « déterminé qu’il existe des éléments de preuve crédibles, justifiant une enquête supplémentaire sur la responsabilité individuelle des hauts responsables saoudiens, y compris celle du prince héritier » Mohamed Ben Salman.

L’experte de l’ONU a par ailleurs mis en garde contre « l’importance disproportionnée accordée à l’identification de l’auteur du crime ». Selon elle, la justice ne doit pas seulement établir la responsabilité de l’auteur physique du crime. Une enquête judiciaire « vise également, sinon principalement, à identifier les personnes qui ont abusé des responsabilités de leur poste d’autorité ou ne les ont pas remplies », fait-elle valoir dans son rapport.

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L’Arabie saoudite  jugée « responsable » par l’experte

Agnès Callamard, qui comme les autres experts indépendants de l’ONU ne s’exprime pas au nom des Nations unies, tient l’Arabie saoudite pour « responsable » de l’« exécution extrajudiciaire » du journaliste. Jamal Khashoggi, connu pour ses positions critiques à l’encontre du pouvoir saoudien, avait été brutalement tué en octobre 2018 à l’intérieur du consulat de son pays, à Istanbul.

>>> À LIRE – Arabie saoudite : l’Union européenne et l’ONU durcissent le ton après l’affaire Khashoggi

Après avoir dans un premier temps nié le meurtre, Riyad avait avancé plusieurs versions contradictoires. L’Arabie saoudite soutient désormais que Jamal Khashoggi a été tué lors d’une opération non autorisée par le pouvoir.

L’experte de l’ONU a appelé le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, à « ouvrir une enquête pénale de suivi sur l’assassinat de Jamal Khashoggi afin de constituer des dossiers solides sur chacun des auteurs présumés ». Le chef de l’ONU « devrait lui-même être en mesure d’ouvrir une enquête pénale internationale de suivi sans qu’un État n’ait à intervenir », a-t-elle ajouté.

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Vers une enquête du FBI ?

Jamal Khashoggi, qui avait émigré aux États-Unis, était un critique notoire de Mohamed Ben Salman. Selon des informations dévoilées dans la presse, la CIA estime que l’assassinat a probablement été commandité par le prince héritier, dirigeant de fait du royaume saoudien.

Dans la procédure lancée devant la justice saoudienne, l’accusation a innocenté le prince héritier et mis en cause plus de 20 personnes. La peine de mort a été réclamée pour cinq d’entre eux. Dans son rapport, Agnès Callamard a également demandé au FBI d’ouvrir une enquête sur le journaliste, qui était un résident américain.

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