Le mouridisme, de père en fils

Publié le 24 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Fondée en 1883 par Cheikh Ahmadou Bamba, la Mouridiyya (« la voie de ceux qui aspirent au Créateur », en arabe) est une doctrine qui repose sur quatre principes fondamentaux : la foi en Dieu, l’imitation du Prophète Mohammed, l’apprentissage du Coran et l’amour du travail. Né vers 1850 à Mbacké, au Sénégal, initié au Livre saint dans son pays, puis en Mauritanie par Cheikh Siddiya, notabilité de la confrérie qadiriyya, Cheikh Ahmadou Bamba a vécu suivant l’exemple de soufis comme Ibn Arabi. Il a connu des déboires avec l’administration coloniale française, qui l’a détenu de 1895 à 1902 (notamment au casernement militaire de l’île de Mayumba, en pleine forêt équatoriale), puis l’a exilé en Mauritanie, de 1903 à 1907. Rappelé à Dieu le 19 juillet 1927 à Diourbel, il a laissé une puissante confrérie au Sénégal, qui compte des millions de disciples à travers le monde. Mais aussi Touba, une ville parmi les plus visitées de la planète, avec son université islamique d’un coût de 17 millions de dollars, sa bibliothèque de 170 000 ouvrages, sa Grande Mosquée (un édifice entamé en 1926, achevé en 1963, et en perpétuel agrandissement) dont l’un des minarets, culminant à 86 m, est le plus haut d’Afrique de l’Ouest.
Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, fils aîné de Cheikh Ahmadou Bamba, devenu calife des mourides après le décès de son père, est resté aux commandes jusqu’au 13 juillet 1945, date à laquelle il s’est éteint. Après avoir conclu un bail sur le territoire de Touba avec l’administration coloniale, il a entamé la construction de la Grande Mosquée. Elhadji Falilou Mbacké, qui lui a succédé, a achevé l’édifice religieux, donné à la Ville sainte ses premières infrastructures et marqué son époque. Aux affaires jusqu’en août 1968, il a laissé l’image d’un grand « mystique », mais aussi d’un homme au commerce agréable, doté de beaucoup d’humour et d’un sens de la formule. Elhadji Falilou Mbacké a ouvertement soutenu Léopold Sédar Senghor, de confession chrétienne, premier président du Sénégal indépendant.
Serigne Abdoul Ahad Mbacké, troisième calife, a occupé le fauteuil de Cheikh Ahmadou Bamba d’août 1968 à son décès, le 18 juin 1989. Il a vigoureusement soutenu Abdou Diouf à la présidentielle de février 1988. Bâtisseur, il a imprimé à Touba son visage actuel : extension de la mosquée (passée de 4 000 à 6 000 places), électrification de la ville, lotissement, installation du réseau téléphonique, construction de dix forages, d’un aérodrome, d’une gare routière…
Son jeune frère et successeur Cheikh Abdoul Khadre Mbacké aura connu le califat le plus court de l’histoire du mouridisme. L’imam de Touba pendant deux décennies, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à son père Cheikh Ahmadou Bamba, n’est resté sur le « trône » que du 19 juin 1989 au 13 mai 1990.
Depuis cette date officie Serigne Saliou Mbacké, un des hommes les plus influents du Sénégal, aujourd’hui âgé de 90 ans, dernier fils vivant du fondateur. Il reçoit épisodiquement Abdoulaye Wade à Touba. Mouride, le chef de l’État sénégalais s’incline régulièrement devant son marabout pour solliciter ses bénédictions.
Serigne Saliou est le plus grand producteur agricole du Sénégal. Il exploite un domaine de 45 000 hectares, à Khelcom, un village de l’intérieur du pays.

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