Maroc : carton plein pour les artistes africains au Festival de Fès des musiques sacrées

La 25e édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde se déroule du 14 au 22 juin sous le thème « Fès, à la confluence des cultures ». Un événement visant à faire rayonner le continent africain.

Youssou N’Dour a attiré les foules sur la place de Bab Al Makina, le 20 juin 2019. © Zoubir Ali

Youssou N’Dour a attiré les foules sur la place de Bab Al Makina, le 20 juin 2019. © Zoubir Ali

Publié le 21 juin 2019 Lecture : 3 minutes.

À Fès, la place de Bab Al Makina s’est mise sur son 31, ce jeudi 20 juin, pour accueillir le Sénégalais Youssou N’Dour, à la fois artiste, homme engagé et acteur politique dans son pays. Durant plus de deux heures de show, le « petit prince de Dakar » a fait danser le public tout en prônant les valeurs de tolérance et d’ouverture, maîtres mots du Festival de Fès des musiques sacrées du monde.

Pour cette 25e édition, la capitale culturelle et spirituelle du Maroc a fait peau neuve pour célébrer cet événement dont la thématique s’intitule « Fès à la confluence des cultures ». Du 14 au 22 juin, une centaine d’artistes se succèdent sur sept sites de la vieille ville afin de contribuer au dialogue des civilisations. « Un festival de cette importance doit être innovant et aborder la création comme un véritable langage des musiques traditionnelles. Chacune d’entre elles raconte son histoire, imprégnée d’un héritage que ce spectacle éclaire et transmet », résument les organisateurs de ce festival d’envergure internationale. Ces histoires, un grand nombre d’artistes de cette programmation éclectique les puisent dans leurs origines africaines.

 © La princesse Lalla Hasnaa a présidé l’ouverture du 25e Festival de Fès des musiques sacrées du monde. ©MAP

© La princesse Lalla Hasnaa a présidé l’ouverture du 25e Festival de Fès des musiques sacrées du monde. ©MAP

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« J’ai l’Afrique dans les veines »

« J’ai quitté le Cameroun, mais le Cameroun ne m’a jamais quitté », raconte à Jeune Afrique Marc Alexandre Oho Bambe. À la fois poète et slameur, celui que l’on surnomme « Capitaine Alexandre », en hommage au résistant René Char, explique qu’il garde des liens particulièrement étroits avec le continent. « J’ai l’Afrique dans les veines, l’Afrique dans les gênes, c’est une histoire d’ADN, et tant pis si ça gêne (…) J’aime l’Afrique, je l’ai en moi », peut-on lire dans son recueil de textes intitulé « Afrique diasporas négritude » (ADN), sorti en 2009.

Si, comme Youssou N’Dour, cet amoureux des mots fait partie des têtes d’affiche du festival, au même titre que le musicien malien Ballake Sissoko, d’autres groupes comme l’ensemble soufi des femmes du Sénégal, sont eux aussi de la partie. Venues directement du pays de la Teranga, ces dernières ont mêlé leur voix et leurs instruments lors de la soirée d’inauguration pour honorer la confrérie Tijanniya.

Originaire du Moyen Atlas, la chanteuse Chérifa Kersit a également livré une prestation inédite aux côtés de la Serbe Svetlana Spajic dans un cadre intimiste à Dar Adiyel, célèbre bâtisse fassie du XVIIe siècle. Une rencontre entre deux figures iconiques de la transmission du patrimoine vocal, symbole de la diversité culturelle prônée cette année par le festival. 

 © L’ensemble soufi des femmes du Sénégal lors de la soirée d’inauguration. © Omar Chenafi

© L’ensemble soufi des femmes du Sénégal lors de la soirée d’inauguration. © Omar Chenafi

Près de Bab Boujloud, l’une des portes les plus anciennes de la médina, une scène imprégnée par le style traditionnel de la ville est même spécialement dédiée aux jeunes artistes marocains tels que Saida Charaf, Nasr Megri, ou Hatim Idar. Un « festival dans la ville » lors duquel les musiciens assurent une variété de concerts gratuits au public de la ville de Fès allant du « Chaâbi » au « chababi » moderne, en passant par la chanson traditionnelle marocaine.

 © L’artiste Nasr Megri s’est produit, mardi 18 juin, devant l’immense public de la scène de Bab Boujloud. © Hicham Ennouichi

© L’artiste Nasr Megri s’est produit, mardi 18 juin, devant l’immense public de la scène de Bab Boujloud. © Hicham Ennouichi

La part des artistes africains est significative

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« Le festival est bénéfique pour l’Afrique »

« La part des artistes africains est significative. Mettre en avant les talents du continent est un choix que nous faisons chaque année pour faire rayonner la richesse de cette culture à l’international », souligne à Jeune Afrique le président de l’événement, Abderrafih Zouitene. « Le festival est bénéfique pour l’Afrique », assure pour sa part le joueur de kora Ballake Sissoko qui appelle à faire « sortir les instruments de leur caverne » pour faire davantage connaître le continent.

« Fès au miroir de l’Afrique » avait d’ailleurs été la thématique choisie pour l’édition de 2015, afin de mettre en lumière la dimension culturelle africaine de la ville. Depuis la nuit des temps, Fès a en effet toujours été liée par de fortes relations avec les pays du continent, en particulier ceux d’Afrique de l’Ouest. À titre d’exemple, la ville abrite le mausolée de Sidi Ahmed Tijani, viennent se recueillir chaque année les adeptes de la confrérie tijane.

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Pour célébrer ces liens indéfectibles et la richesse d’une « nouvelle Afrique », Youssou N’Dour termine son concert, le poing levé, par sa célèbre chanson « New Africa » sous les applaudissements d’un public qui en redemande. Un hymne à la joie et à l’espoir pour célébrer le rayonnement de Fès, maillon fort entre le Maroc et le reste du continent. 

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