Djibouti contre-attaque

Publié le 25 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

À la mi-janvier, le ministère djiboutien des Affaires étrangères a informé le Quai d’Orsay, par lettre, de sa décision de mettre un terme dans les délais les plus brefs aux contrats de tous les coopérants civils français présents dans le pays. Cette quasi-« expulsion », qui concerne essentiellement les contractuels travaillant dans les secteurs de l’éducation et de la santé, se veut une réponse à ce que les autorités considèrent comme une affaire d’État : l’enquête, qui dure depuis dix ans, sur la mort du juge français Bernard Borrel. À la suite d’une plainte déposée à leur encontre dans le cadre de ce dossier, le parquet de Versailles avait convoqué, le 16 décembre 2004, Hassan Saïd Khaireh, le chef des services de sécurité, et Djama Souleiman Ali, le procureur général de la République, tous deux accusés de faire obstruction à l’enquête. Les deux hommes étaient présents en France au moment de cette convocation, mais n’y ont pas déféré – il est vrai que rien ne les y obligeait.
Le 7 janvier, c’était au tour de la chambre d’instruction de la cour d’appel de Versailles d’ordonner leur audition, une décision qui pourrait être suivie de l’émission de mandats d’arrêt. « Il n’est pas exclu, ont par ailleurs ajouté les magistrats, que le chef de l’État puisse déférer spontanément à une demande d’audition en qualité de témoin. » Un attendu qui a eu le don de faire bondir le président Ismaël Omar Guelleh.
Joint par téléphone à Djibouti par J.A.I., Khaireh exprime certainement la pensée de son « patron » lorsqu’il assure que « tout cela est une machination dirigée contre le président, à trois mois de l’élection à la magistrature suprême ». À Paris, l’Élysée et le Quai d’Orsay ne cachent pas leur embarras et leur inquiétude devant ce dernier rebondissement : « Nous n’y sommes pour rien, d’autant que le président Guelleh est un bon ami de la France et que Jacques Chirac l’apprécie, confie un proche du dossier. Mais la séparation des pouvoirs nous interdit d’interférer dans le travail de la justice, même dans l’hypothèse où nous le souhaiterions. Comment le faire comprendre ? »

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