Burkina Faso : adoption d’un nouveau code pénal jugé liberticide

L’Assemblée nationale du Burkina Faso a adopté vendredi 21 juin un nouveau code pénal condamnant de peines allant jusqu’à 10 ans de prison la diffusion d’informations sur les opérations militaires. Une réforme dénoncée par des journalistes et des ONG, qui la jugent liberticide.

Des forces de sécurité à l’extérieur de l’état-major général des armées à Ouagadougou, après la double attaque vendredi 2 mars d’assaillants jihadistes dans la capitale burkinabè (image d’illustration) © Ludivine Laniepce/AP/SIPA

Des forces de sécurité à l’extérieur de l’état-major général des armées à Ouagadougou, après la double attaque vendredi 2 mars d’assaillants jihadistes dans la capitale burkinabè (image d’illustration) © Ludivine Laniepce/AP/SIPA

Publié le 22 juin 2019 Lecture : 1 minute.

Voté par 103 députés sur 127, ce nouveau code pénal réprime « la publication d’images des attaques contre les forces de défense et de sécurité et les victimes de crimes de terrorisme », ainsi que « les atteintes au moral des troupes engagées dans la lutte contre le terrorisme », selon le député Bernard Somé.

« Il s’agit de contrôler l’information pour éviter que celle-ci ne soit un instrument de propagande des terroristes », a-t-il assuré, alors que le Burkina Faso est le théâtre d’attaques jihadistes croissantes depuis 2015, qui ont fait plus de 450 morts. 

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Le code comporte de nouvelles dispositions pour que « les opérations et les points stratégiques des forces de défense et de sécurité ne puissent pas être révélés », a justifié le ministre de la Justice, René Bagoro.

Les députés de trois groupes parlementaires de l’opposition ont claqué la porte de l’hémicycle lors du débat pour dénoncer une concertation insuffisante.

Restriction du « droit à l’information »

Le secrétaire général de l’Association des journalistes du Burkina, Guézouma Sanogo, a de son côté dénoncé une « caporalisation de l’information relative aux actes terroristes et un bâillonnement de la presse nationale ».

« Le droit pénal ne peut en aucun cas être utilisé pour criminaliser le travail d’information, d’intérêt public », a soutenu le directeur exécutif du Centre d’information et de formation en matière de droits humains en Afrique (Cifdha), Urbain Yaméogo.

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« Si la loi est votée, un utilisateur des réseaux sociaux, un journaliste ou un défenseur des droits humains pourrait encourir jusqu’à 10 ans de prison uniquement pour avoir relaté une information liée aux opérations militaires », avait averti lundi, avant l’examen de la loi, le directeur exécutif d’Amnesty International au Burkina Faso, Yves Boukari Traoré.

Ce nouveau code pénal « liberticide » va restreindre « les libertés d’expression et de presse et le droit à l’information au Burkina Faso », selon un communiqué commun d’Amnesty, du Cifdha et de l’Association des bloggeurs du Burkina.

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