Un patron très attendu
Nommé début octobre, le nouveau PDG d’Attijariwafa Bank, Mohamed El Kettani, ne laisse rien filtrer de sa stratégie.
Publié le 22 octobre 2007 Lecture : 3 minutes.
Qui est vraiment Mohamed El Kettani, nouveau président d’Attijariwafa Bank ? Nommé il y a un mois, l’homme est discret et esquive les interviews. Préférant pour sa première sortie médiatique, le 3 octobre dernier, une très officielle présentation des résultats de son groupe. Il est vrai que Mohamed El Kettani arrive après une période délicate. La démission de son prédécesseur, Khalid Oudghiri, le 24 mai 2007, a fait couler beaucoup d’encre. Celui qui avait mené de main de maître la fusion entre la Banque commerciale du Maroc (BCM) et Wafabank, et donné naissance au champion marocain est parti sans donner d’explication officielle. Ni désigner un successeur
?Quatre mois d’hésitation
Dans le microcosme financier de Casablanca, ses différends avec l’actionnaire de référence, l’ONA, étaient connus. Oudghiri avait tendance à considérer le holding royal comme un actionnaire parmi d’autres. Et quand ce dernier a eu besoin de carburant sonnant et trébuchant pour sa filiale de télécommunications, Wana, le banquier aurait freiné des quatre fers. L’appui financier d’Attijariwafa Bank au concurrent Maroc Télécom n’aurait pas non plus été du goût de tout le monde Ni les prêts accordés au groupe Chaâbi, dont le patron n’est pas dans les bonnes grâces de l’ONA.
Après le départ d’Oudghiri, la nomination de Kettani semblait aller de soi. Cet ingénieur de formation était considéré depuis des années comme le numéro deux du groupe. Pourtant, le conseil d’administration n’a, semble-t-il, pas pensé à lui en priorité et a d’abord cherché une solution extérieure. Au moins cinq personnes ont été contactées. Toutes auraient refusé. Après quatre mois de suspense, c’est finalement Kettani qui hérite des manettes. À 49 ans, il connaît bien la maison pour y avoir fait toute sa carrière. Président et administrateur de nombreuses filiales, directeur général du pôle Banque de financement et de l’entreprise, son curriculum vitae a de quoi séduire. Même ses concurrents le reconnaissent : c’est un très bon banquier et un fin technicien. Lorsqu’en mai 2006, un premier bras de fer avait eu lieu entre Khalid Oudghiri et les actionnaires pour changer le mode de gouvernance, Mohamed El Kettani avait, dit-on, été pressenti pour prendre la présidence du directoire. Oudghiri aurait dû hériter du conseil de surveillance. L’affaire s’était soldée par un statu quo.
Aujourd’hui, le numéro un, c’est lui. Quels vont être ses projets pour son groupe, qui ambitionne d’être parmi les premiers du continent ? Sur ce plan, il ne faut pas s’attendre à de grands changements. Kettani s’inscrit dans la continuité : « Nous allons poursuivre notre développement à l’international », a-t-il dit à la presse en présentant les résultats. Après la Tunisie, Attijariwafa Bank devrait se lancer en Libye. Quant à l’Afrique de l’Ouest, il a évoqué « une fusion pour disposer d’une plate-forme de développement » et « d’éventuelles prises de participation ou des partenariats ». Le géant bancaire marocain, qui a racheté la Banque sénégalo-tunisienne il y a un an, négocie à présent avec la première banque du pays, la BCAO. Il lorgne également vers le Niger et le Burkina. Sur le plan national, Mohamed El Kettani souhaite étendre le réseau et imposer la banque dans tous ses métiers. Rien de neuf
Mais c’est sur le style de management et les relations avec l’actionnaire de référence que le nouveau patron d’Attijariwafa Bank est attendu. Depuis le départ de Khalid Oudghiri, Saâd Bendidi tenait les commandes. Cette présidence par intérim exercée par le patron de l’ONA a soulevé nombre de questions sur le degré d’indépendance de la banque vis-à-vis de son actionnaire de référence. L’opérateur Wana a d’ailleurs dans cet intervalle signé un contrat de prêt syndiqué de 3 milliards de DH avec les principales institutions financières de la place. Comme co-chefs de file, on trouvait notamment le Groupe des Banques populaires et Attijariwafa Bank.
