Trop d’établissements en Afrique de l’Ouest

Publié le 22 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

Rendu public à l’occasion de la réunion des ministres des Finances de la zone franc à Paris (voir aussi p. 119), le « Rapport annuel de la zone franc » dresse notamment le bilan du système bancaire de l’Afrique de l’Ouest francophone. Bien qu’écrit en termes factuels et diplomatiques, ce portrait est sans concession : il y a tout simplement trop de banques dans l’UEMOA. Durant l’exercice 2006, sur lequel porte le rapport, leur nombre a atteint 116 établissements (dont 95 banques et 21 établissements financiers, de crédit ou autre). Mais seulement 34 d’entre eux, soit environ un sur trois, concentrent 52 % du total des bilans de la sous-région, 39,4 % des guichets et 40,5 % des comptes ouverts à la clientèle. Les 34 établissements en question étant, on s’en doute, contrôlés par des groupes régionaux ou internationaux, notamment français.

Conséquence de cette surpopulation bancaire, il y a de trop grandes distorsions dans les résultats et l’activité d’ensemble. Si le résultat d’exploitation des 116 banques affiche une hausse impressionnante de 45,5 % en un an, il faut relativiser la performance en rappelant que les grandes banques concentrent 99 % du bénéfice net total. Celles-ci sont au nombre de 27, disposant d’un total de bilan supérieur à 110 milliards de F CFA, représentant 69,4 % du total. Par comparaison, l’Afrique centrale fait figure de bon élève. Pour une population totale certes 40 % inférieure à celle d’Afrique de l’Ouest, la Cemac compte un nombre plus raisonnable de 35 établissements financiers (trois fois moins). Pour simplifier la comparaison (voir graphique), le total de bilan moyen des 35 banques d’Afrique centrale est le double du total de bilan moyen de leurs 116 homologues ouest-africaines.

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Une aussi mauvaise répartition des forces aura des conséquences néfastes à plus ou moins long terme. C’est d’ailleurs déjà le cas puisque l’on voit réapparaître le spectre des créances en souffrance dans plusieurs pays. Le Sénégal est particulièrement concerné : elles s’élèvent à 30 % de l’encours total, qui lui-même a sensiblement progressé, de 15,9 % en un an. Il semble temps de mettre un terme à cette situation. Particulièrement en raison des développements en cours dans un pays proche, dont les banques affichent une force de frappe sans équivalent : les actifs d’United Bank for Africa (UBA), numéro un du Nigeria, sont treize fois plus élevés que ceux de la numéro un de l’UEMOA, la SGBCI ! Difficile, dans ces circonstances, de faire face à une concurrence qui, il faut en être certain, va s’amplifiant.

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