Éthiopie : la tentative de coup d’État, un frein à la quête d’investissements étrangers ?
La tentative de coup d’État du week-end dernier en Éthiopie est survenue alors que le pays, en manque de devises et qui cherche à générer de nouvelles recettes d’importations, a besoin de rassurer les investisseurs étrangers s’il veut accélérer le développement de ses parcs industriels.
L’Éthiopie se serait bien épargné ce nouvel accès de fièvre. Le coup d’État raté, samedi, lors duquel un « commando de tueurs » dirigé par le chef de la sécurité de l’Amhara a mortellement blessé le président de la région Ambachew Mekonnen et un autre haut responsable, est en effet survenu en pleine campagne de séduction en vue d’attirer de nouveaux investisseurs étrangers. Addis Abeba va devoir continuer à rassurer pour ne pas mettre à mal ses plans d’expansion.
Car l’Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique – 110 millions d’habitants -, a une urgence : générer de nouvelles recettes d’exportations – en dehors notamment du café, sésame, et de l’or – , et faire entrer des devises dans le pays.
Faibles réserves
« Il y a un manque cruel de devises car les investissements pour construire les infrastructures sont faits par emprunts et dons venant de l’Europe, des États-Unis et, surtout, de la Chine », expliquait vendredi Henok Teferra l’ambassadeur éthiopien en France, dans le cadre d’une réunion organisée par Business France à Paris. Cependant, a tenu à préciser l’ambassadeur, « sans la Chine, l’Éthiopie n’aurait pas d’infrastructures », sans compter que Pékin a procédé à un rééchelonnement de dette.
« Jusqu’à présent, les exportations n’ont pas atteint les niveaux requis, car les parcs industriels n’ont pas été terminés à temps, et les IDE (investissements directs à étrangers) n’ont pas été suffisants, mais à présent ils sont en passe de rattraper leur retard », a-t-il affirmé, citant l’exemple de projets de barrages qui exporte de l’électricité ou encore de l’arrivée de devises envoyées par la diaspora.
Parc industriels
Bole Lemi, Mekele, Adama et Hawassa… L’Éthiopie s’est fixé l’objectif d’être le premier constructeur de parcs industriels en Afrique. « Aujourd’hui, au nombre de 10, ces parcs pourraient être de 30 d’ici à 2025 », assure Amilcar Cabral, directeur Business France Éthiopie. Et d’ajouter : « Les autorités ont ciblé des secteurs comme le textile, l’agroalimentaire, la pharmacie, la métallurgie ou encore celui des peaux et du cuir particulièrement intensifs en main d’oeuvre ».
Souvent montrés du doigt pour leur politique salariale indécente et les conditions de travail difficiles qu’ils imposent aux salariés, ces parcs industriels ont la particularité d’être bâtis sur le modèle asiatique, de pays comme Taïwan, la Malaisie et la Chine.
Ils sont de trois types : publics, sous forme de PPP (partenariat public-privé) ou encore privé, comme celui mis en œuvre par East African Holding. « Pour l’heure, les usines qui s’y installent sont surtout chinoises, turques, indiennes », précise Temesgen Tilahun, commissaire adjoint de la Commission d’investissements éthiopiens qui cite, parmi les rares entreprises françaises à être présentes, le groupe agroalimentaire Soufflet.
Adhésion à l’OMC
En parallèle, le pays s’apprête à ouvrir plusieurs pans de ses activités comme celui des finances, des télécoms – avec la privatisation du groupe Ethio Telecom – et des transports. Un processus qui va de pair avec les velléités du pays d’adhérer à l’OMC. Sur ce point, « les négociations entamées en 2002 se sont accélérées il y a un an », affirme Marc Schneider, chef de projet chez DMI Associates.
Enfin, à ces objectifs s’en ajoute un autre : celui de développer le tourisme. Le but affiché étant de faire passer le nombre des passagers à l’aéroport d’Addis Abeba de 10 à 20 millions de personnes et de les convertir en visiteurs. Mais, là encore, la sécurité sera essentielle.
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