Maroc : manifestation pour assouplir la loi interdisant l’avortement

Des manifestants réunis devant le Parlement à Rabat ont demandé le 25 juin une refonte de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG), qui favorise selon eux les avortements clandestins et les abandons d’enfants.

Des manifestants, le 25 juin 2019 à Rabat, pour demander une refonte de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG). © AFP

Des manifestants, le 25 juin 2019 à Rabat, pour demander une refonte de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG). © AFP

Publié le 25 juin 2019 Lecture : 2 minutes.

« 200 000 avortements clandestins par an », « 26 bébés abandonnés par jour », pouvait-on lire sur les banderoles et affiches déployées devant un important contingent de journalistes.

Une petite foule a également déposé devant le Parlement des poupées portant l’inscription « Article 453 ». Une référence à l’article de loi qui punit l’interruption volontaire de grossesse (IVG) de six mois à cinq ans de prison, sauf quand la santé de la mère est en danger.

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Cette action médiatique a été initiée par l’Association marocaine de lutte contre les avortements clandestins (Amlac), dirigée par le professeur Chafik Chraïbi.

« Ça fait une dizaine d’années que nous militons pour une légalisation ne serait-ce que partielle de l’avortement », a déclaré cette figure de proue de la mobilisation, appelant à accélérer l’adoption d’un projet de loi bloqué depuis 2016 dans le circuit législatif.

600 à 800 avortements clandestins chaque jour

« L’article 453 est discriminatoire et ne prend pas en compte celles qui font des grossesses non désirées. Il est temps de le supprimer pour que ces femmes n’aient plus recours à l’avortement clandestin », selon Laila Majdouli, militante de longue date pour les droits des femmes.

Les associations estiment que 600 à 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour, dans des conditions sanitaires parfois désastreuses. Certaines femmes ont recours à des médicaments ou à des plantes présumées abortives.

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La mortalité maternelle reste très élevée au Maroc – de l’ordre de 228 pour 100 000 naissances-, avec 13% des cas imputés à des avortements, selon des données de l’OMS citées par l’Amlac.

Aucune loi depuis le débat de 2015

Les grossesses non désirées favorisent les abandons d’enfants. Selon des estimations, jusqu’à 150 enfants sont abandonnés chaque jour.  Quant aux mères célibataires, elles vivent dans l’opprobre. Les enfants nés hors mariage – considérés comme « illégitimes » par la loi -,  portent le stigmate de leur origine toute leur vie.

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Le Maroc s’était engagé en 2015 dans un profond débat sur « l’urgence » d’un assouplissement de sa législation. Preuve de l’acuité du sujet, le roi Mohammed VI s’était saisi du dossier en chargeant une commission officielle de soumettre des propositions.

Cette commission avait recommandé d’autoriser l’avortement dans « quelques cas de force majeure », notamment en cas de viol ou de graves malformations. Aucune loi n’est depuis venue entériner ces recommandations.

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