L’embarras du choix

La capitale voit s’implanter un nombre croissant d’établissements d’enseignement supérieur, qui concurrencent l’Université nationale de Butare.

Publié le 22 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

Située à une centaine de kilomètres au sud de la capitale, la deuxième ville du pays, qui abrite, depuis 1963, l’Université nationale du Rwanda a longtemps été considérée comme le centre culturel et intellectuel du pays. Mais aujourd’hui, la donne est en train de changer. Avec ses 900 000 habitants, Kigali semble vouloir concentrer tout ce qui, jusque-là, se situait à la périphérie. Notamment dans le domaine de l’enseignement supérieur. Ces dernières années, de nombreuses universités et instituts supérieurs privés se sont implantés dans la capitale. Pour le meilleur et pour le pire.
Kigali Institute of Science, Technology and Management (Kist), Université libre de Kigali, Université adventiste, Université des Grands Lacs Les établissements d’enseignement supérieur sont légion. « Cette prolifération est regrettable. Il y a un abus d’appellations, affirme un responsable d’une structure officielle. En réalité, les entrepreneurs refusent de s’éloigner de Kigali. Alors les universités s’implantent dans la capitale. » Aujourd’hui, la première ville rwandaise compte, à en croire une élue, « plus de 20 000 étudiants ». Selon elle, ce développement rapide s’explique par la multiplication des personnes souhaitant prendre – ou reprendre – le chemin de la fac. Les universités privées sont ouvertes à tout le monde, notamment aux salariés désireux de suivre des cours du soir. « Cet enseignement bilingue (anglais et français) est dispensé sous le contrôle strict du ministère de l’Éducation nationale, souligne un conseiller municipal. Les gens n’ont donc plus besoin d’aller ailleurs, à Butare par exemple. » Et comme l’indique un observateur : « Il y a dans la capitale un esprit business qui n’existe pas en province. Les universités privées ne sont pas très regardantes sur le niveau des étudiants et accueillent le tout-venant. D’où leur succès. »
Mais, pour certains, la qualité de l’enseignement à Butare reste supérieure à celle de Kigali. Avec ses 8 200 étudiants en 2006, ses 425 professeurs, l’Université nationale du Rwanda se place à la 38e place au palmarès des meilleurs établissements du continent. « Nous voulons être parmi les dix premiers », affirme son recteur Silas Lwakabamba qui, plutôt que de rivalité, préfère parler de complémentarité entre Butare et Kigali. « Même si la compétition n’est pas une mauvaise chose en soi. » D’après l’un de ses collaborateurs, « Butare restera encore longtemps la véritable matrice de l’intelligentsia rwandaise. D’autant que nous avons élaboré une stratégie qui nous permettra de renforcer la qualité de nos enseignants, de nos infrastructures et de nos programmes d’enseignement. »
Chaque année, 3 000 nouveaux diplômés de l’enseignement supérieur se retrouvent sur le marché de l’emploi. Au vu des besoins et des ambitions du pays, il en faudrait davantage. La multiplication de pôles universitaires n’est donc pas une mauvaise chose en soi. À condition toutefois que la formation dispensée soit, partout, de bonne qualité. Pour le moment, beaucoup de Rwandais reconnaissent que Butare occupe toujours une place de choix, même si Kigali ne cache plus ses ambitions. D’aucuns espèrent que cette saine émulation conduira, en tout cas, à l’amélioration de l’enseignement supérieur au Rwanda.

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