Massacres dans le centre du Mali : pourquoi l’armée ne parvient pas à protéger la population
Pas une semaine ne passe sans que le centre du Mali ne soit le théâtre d’un nouveau massacre de civils. À chaque fois, les témoins dressent le même constat : l’armée censée repousser les assaillants n’arrive qu’après le départ de ces derniers.
La litanie des massacres qui endeuillent le centre du Mali semble ne pas vouloir s’arrêter. Dimanche 30 juin, ce sont les villages peuls de Bidi, Sankoro et Saran, situés près de la frontière burkinabè, qui ont été la cible d’une nouvelle attaque, menée par des hommes armés pour le moment non identifiés, qui ont abattu 23 civils et fait de nombreux blessés, selon Cheick Harouna Sankaré, maire de la commune de Ouonkoro, où se trouve les villages attaqués. Et l’édile, interrogé par Jeune Afrique, de marteler : « La situation est grave, j’ai pourtant averti l’armée de la présence de dozos [chasseurs traditionnels dogons, ndlr] autour des villages avant l’attaque. L’armée doit agir pour sécuriser les populations ». Une plainte qui, malgré les promesses des responsables politiques et de la hiérarchie militaire, est devenue récurrente.
Douze heures pour arriver sur les lieux
Le lendemain matin, le ministère de la Sécurité intérieure n’avait même pas été informé de cette attaque, assure un proche du ministre
Au lendemain de l’attaque du village dogon de Sobane Da, dans la commune de Sangha, le 9 juin dernier, Ali Tolo, le maire de la commune, avait également pointé ce retard de l’armée. Premier à se rendre sur le lieu du massacre, il y a découvert l’horreur d’une tuerie ayant coûté la vie à au moins 35 personnes – le bilan initial faisait état de 95 morts. Des images qui ne le quittent plus.
Un bébé sans vie, toujours attaché par un pagne au dos de sa mère, dont le corps inanimé gît au sol. « Il me semble que la balle a d’abord atteint l’enfant avant de ressortir par la poitrine de sa mère », détaille Ali Tolo. Quelques pas plus loin, dans une autre case du village, des corps calcinés s’entassent. « C’est peut-être une famille qui a été regroupée là avant d’être brûlée vive », avance-t-il.
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