La Guinée équatoriale mise sur le gaz

Avec l’inauguration de son premier site de production de gaz naturel liquéfié, Malabo prépare l’après-pétrole.

Publié le 22 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

L’inauguration, le 17 octobre, du premier terminal gazier de la compagnie Equatorial Guinea Liquefied Natural Gas (EG LNG) sur le complexe de Punta Europa à l’ouest de Malabo est symbolique à plus d’un titre. Premièrement, cette installation qui a coûté 1 milliard de dollars propulse la Guinée équatoriale dans le club restreint des grands producteurs mondiaux de gaz naturel liquéfié (GNL). Ce gaz non toxique est obtenu sous sa forme liquide après un processus de refroidissement à – 160 °C. Deuxièmement, elle témoigne d’une prouesse technologique grâce au pipe qui relie, via un pont suspendu, le site pétrochimique à une jetée pouvant accueillir les méthaniers d’une capacité de 90 000 à 160 000 m3. Long de 350 mètres et situé à 70 mètres au-dessus du niveau de la mer, il s’agit du seul ouvrage de ce type dans le monde, qui pourra être totalement démonté une fois l’exploitation achevée.
De fait, même si certains chefs d’État initialement prévus comme le Camerounais Paul Biya et le Zimbabwéen Robert Mugabe se sont désistés, la cérémonie avait des allures de rencontre au sommet illustrant l’intérêt que suscite le potentiel gazier du pays. Considérable, celui-ci est évalué à 40 milliards de tonnes. Accompagné du gouvernement au grand complet, le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a reçu plus de 200 convives parmi lesquels son homologue nigérian, Umaru Yar’Adua, le Santoméen Fradique de Menezes et le Ghanéen John Kufuor, actuel président en exercice de l’Union africaine (UA). « C’est un événement important pour l’industrie nationale, mais aussi parce qu’il illustre une vraie coopération sous-régionale, en particulier avec le Cameroun et le Nigeria », explique le ministre équato-guinéen de l’Information, Santiago Nsobeya Efuman Nchama.
Autre performance, le procédé utilisé, baptisé « ConocoPhillips Optimized Cascade », permet un traitement rapide du gaz. La production annuelle de GNL va atteindre 3,7 millions de tonnes principalement exportées aux États-Unis et en Europe. Alors que la production pétrolière équato-guinéenne stagne autour de 300 000 barils/jour avec un déclin annoncé dès 2009, l’exploitation du gaz devrait soutenir la croissance économique au cours des trente prochaines années. La stratégie de Malabo repose sur une coopération avec ses voisins afin d’alimenter l’usine notamment sous l’égide de la Banque mondiale, qui souhaite ainsi réduire le « torchage ». Ce procédé qui consiste à brûler le gaz issu de la production pétrolière constitue un gaspillage d’énergie. Des négociations sont en cours avec le français Total, présent au Cameroun. Le 7 décembre, un contrat sur la fourniture de gaz en échange de deux concessions pétrolières a par ailleurs été signé avec les autorités d’Abuja. Le géant pétrolier ouest-africain dispose de cinq usines de liquéfaction avec une capacité totale de 17,7 millions de tonnes par an, mais cela reste encore insuffisant. La Guinée équatoriale peut donc conquérir une position centrale sur le GNL dans le golfe de Guinée. Un second site d’une capacité de 4,4 millions de tonnes est attendu. Son montage financier sera arrêté courant 2008.

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