Tunisie : après les attaques, appel aux touristes pour ne pas annuler leurs vacances dans le pays
Alors que deux attaques terroristes ont touché la Tunisie dans la matinée du jeudi 27 juin, la députée tuniso-française Sonia Krimi a lancé un appel à destination des touristes du monde entier pour qu’ils n’annulent pas leurs vacances dans le pays. Interview.
La Tunisie a de nouveau été frappée par le terrorisme. Deux explosions ont retenti jeudi dans la capitale, respectivement sur l’avenue de France puis à El Gorjani. Un dernier bilan fait état d’un policier tué et quelques blessés parmi les forces sécuritaires et les civils.
Cette attaque, qui n’a pour l’heure pas été revendiquée, a peu laissé place à la peur parmi les Tunisiens, tant les appels de la société civile se sont succédé dans la journée pour combattre le terrorisme et sortir dans les rues pour donner l’image d’un pays qui reste debout.
Plusieurs personnalités ont dénoncé ces attentats, dont le président français Emmanuel Macron, qui a « fermement condamné les attentats qui ont touché aujourd’hui le cœur de Tunis ».
Je condamne fermement les attentats qui ont touché aujourd'hui le cœur de Tunis. Toutes nos pensées vont aux victimes et à leurs proches. La France se tient aux côtés du peuple tunisien dans cette épreuve.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 27, 2019
De son côté, Sonia Krimi, députée franco-tunisienne (LREM), a lancé un appel dans la matinée sur les chaînes télévisées françaises, appelant notamment les touristes « à ne pas annuler leurs vacances en Tunisie », mais à y aller pour ne pas participer à l’affaiblissement d’un État en construction démocratique.
Le message, très vite relayé sur les réseaux sociaux, qui voulait notamment refléter l’engagement des citoyens tunisiens désirant « en finir avec le terrorisme ». Un message d’apaisement, pour ne pas installer la peur, le désespoir et l’hostilité à l’égard du pays.
Jeune Afrique : Quelle a été votre première réaction lorsque vous avez pris connaissance des deux attaques, survenues ce matin dans la capitale tunisienne ?
Sonia Krimi : Le terrorisme n’a pas de religion. On a certes tendance à le relier à l’islam, mais les victimes sont de toutes les religions. Les faits sont devenus universels et les victimes également. De ce fait, la lutte doit être internationale.
Nous sommes tous responsables de l’image que nous donnons de la Tunisie, et responsables de l’accompagner dans cette transition
Beaucoup de personnes ne veulent pas voir la Tunisie avancer dans son chemin vers la démocratie. Ils veulent imposer un certain système de vie, dire où il faudrait aller, comment il faudrait s’habiller et ce qu’il faudrait manger. Ce n’est pas le message qu’il faut envoyer ni ce qu’il faut laisser penser sur le pays. Nous sommes tous responsables de l’image que nous donnons de la Tunisie, et responsables de l’accompagner dans cette transition.
L’État tunisien garantira la sécurité des touristes
Vous avez appelé les touristes à ne pas annuler leurs vacances en Tunisie. Craignez-vous que ces attentats aient un fort impact sur le tourisme local ?
C’est inévitable. Le tourisme est un point fort de la Tunisie, il représente entre 14% et 15% de son PIB. C’est une de ses sources les plus importantes et on ne souhaite pas voir cet essor disparaître, alors que la Tunisie sortait d’une période très difficile, surtout après l’attentat de Sousse en 2015. Je demande aux touristes d’aller en Tunisie, de ne pas annuler leurs vacances suite à ces attentats, car nul endroit sur terre n’est immunisé, on peut être victime du terrorisme en buvant un café à Paris.
L’État tunisien garantira la sécurité des touristes. Nous avons eu depuis plusieurs rencontres avec Youssef Chahed et plusieurs délégations tunisiennes et nous avons vu l’amélioration des chiffres dans le secteur du tourisme. C’est important de le conserver.
La Tunisie peut-elle enrayer le terrorisme ?
Je pense qu’il n’y aura jamais de « fin du terrorisme », en Tunisie comme ailleurs. On ne pourra jamais véritablement éradiquer le terrorisme. Mais nous pouvons l’atténuer et nous avons la chance de l’endiguer à travers une harmonisation de renseignements et des financements pour le combattre. Le terrorisme est devenu international, mais la lutte aussi et le combat est commun.
En Tunisie, comme en dehors, nous n’avons plus le luxe de nous estimer à droite ou à gauche, conservateurs ou démocrates, car nous sommes dans la même bataille. Aujourd’hui, les dirigeants ont une responsabilité historique de choisir le destin de la Tunisie, il ne faut donc pas la rater. C’est l’intérêt de ce message.
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