Bénin : le président de l’Assemblée nationale évoque les « frustrations légitimes » de l’opposition
Pour son discours d’investiture, jeudi, le nouveau président de l’Assemblée nationale n’a pas éludé la crise politique ouverte par les législatives du 28 avril dernier, auxquelles aucune liste d’opposition n’avait été autorisée à participer. Louis Vlavonou a évoqué les « légitimes frustrations » de l’opposition, l’invitant à travailler à la restauration d’une « confiance ébranlée ».
Pour sa première prise de parole en tant que président de l’Assemblée nationale, devant des députés issus uniquement des deux formations de la mouvance présidentielle, Louis Vlavonou s’est employé à prononcer un discours d’apaisement.
S’il a insisté sur la légitimité de la « réforme courageuse de notre système partisan » qui a débouché sur une nouvelle Charte des partis politiques et d’un nouveau Code électoral, dont la mise en œuvre a été à l’origine de l’exclusion des listes d’opposition lors du scrutin, le successeur d’Adrien Houngbédgi à la présidence de l’Assemblée nationale béninoise n’en a pas moins évoqué le « climat de crispation » dans lequel l’élection s’est tenue.
Nouvel appel au dialogue
« Des forces politiques n’ont pu prendre part au scrutin. Elles en éprouvent de légitimes frustrations, sources de clivages dans notre société. Le Parlement ne saurait rester indifférent devant une telle situation », a-t-il notamment lancé devant des parlementaires issus des deux blocs se réclamant de la mouvance présidentielle : l’Union progressiste (UP), son parti – majoritaire avec 47 députés – , et le Bloc républicain (BR, 36 sièges).
Il a également pris acte de l’ampleur de l’abstention lors de ce scrutin controversé – le taux de participation n’a été que de 27 %, selon la Cour constitutionnelle – , constatant qu’avec « l’ampleur des bulletins nuls, certains de nos compatriotes qui se sont rendus dans les bureaux de vote ont exprimé une protestation citoyenne dont nous devons prendre la mesure ». Selon lui, cette abstention est le signe que « les électeurs n’ont guère approuvé ou compris les choix qui leur sont proposés ».
Pas sûr que cet appel soit entendu par une opposition qui qualifie l’Assemblée de ‘Conseil d’administration de Talon S.A.’
S’il a estimé qu’il convenait d’« examiner le plus tôt possible les initiatives à prendre pour renouer le dialogue entre les acteurs politiques », Louis Vlavonou n’a livré aucun détail sur le contenu de ces mesures possibles, pas plus qu’esquissé une éventuelle ébauche de calendrier.
Pas sûr que cet appel soit entendu par une opposition qui qualifie l’Assemblée de « Conseil d’administration de Talon S.A. », pour reprendre les mots de l’ancien ministre Komi Koutché. L’appel au dialogue lancé le 20 mai dernier par le président Patrice Talon avait été rejeté en bloc par l’opposition.
Médiation des présidents africains
Plus récemment, le président béninois s’est lancé dans une véritable opération de déminage. La levée du blocus autour du domicile de l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi à Cadjehoun, samedi 22 juin, qui a notamment permis d’apaiser les tensions vives qui régnaient dans le nord du pays, en a été le geste le plus spectaculaire.
Une démarche due, en partie, à la médiation menée par plusieurs présidents africains, dont Alassane Ouattara. Amadou Soumahoro était d’ailleurs le seul président d’une Assemblée nationale étrangère à avoir fait le déplacement à Porto-Novo, jeudi, pour participer à la cérémonie d’investiture de son homologue béninois.
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