CFA : le gouverneur se fâche

Objet de toutes les rumeurs, la question de la dévaluation n’a pas été à l’ordre du jour de la dernière réunion de la zone franc.

Publié le 22 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

« Pourquoi ce sujet revient-il sans arrêt au prétexte que certains économistes illuminés, qui n’ont d’ailleurs d’économistes que le nom, remplissent régulièrement des feuilles de chou panafricaines ? Il n’y a pas lieu d’en parler. » Ainsi s’est exprimé Christian Noyer, lors de la conférence de presse clôturant, le 16 octobre, à Paris, la réunion des ministres de la zone franc. Alliant la nervosité aux sarcasmes, le gouverneur de la Banque de France a tenu une nouvelle fois à tordre le coup, sinon aux rumeurs persistantes, du moins au débat sur l’éventualité d’une nouvelle dévaluation du franc CFA face au renchérissement de l’euro par rapport au dollar. Alors que Jeune Afrique a consacré sa précédente édition à ce sujet, le gouverneur par intérim de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Damo Justin Baro, et celui de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), Philibert Andzembé, sont restés sur la même ligne.
« La situation n’avait strictement rien à voir en 1994. La croissance de l’Afrique de l’Ouest particulièrement était atone, voire presque négative. Le taux de couverture de l’émission monétaire était d’à peine 17 % [il est de 117 % actuellement, NDLR], soit l’équivalent d’un mois d’importations, et tous les fondamentaux étaient au rouge », a expliqué le gouverneur de la BCEAO. « Une dévaluation serait une facilité. Pour améliorer la compétitivité de nos pays, il faut accroître les investissements, améliorer le droit des affaires et renforcer les réformes structurelles », a ajouté Baro. Si ce constat ne fait pas l’ombre d’un doute, il convient malgré tout de rappeler que la croissance de la zone franc a décéléré en 2006 par rapport à 2005, restant inférieure à celle de toute l’Afrique subsaharienne qui s’établit à 5,5 %. L’UEMOA enregistre un taux de 3 % et perd plus d’un point. Celui de la Cemac s’établit à 3,2 % contre 3,7 % un an auparavant. « À aucun moment, au cours de cette réunion, la dévaluation n’a été évoquée. C’est dans l’esprit de ceux qui se posent des questions que le problème existe », a néanmoins renchéri Christian Noyer, réaffirmant les effets positifs de l’ancrage franc CFA-euro du point de vue de la « crédibilité » au niveau international et de la maîtrise de l’inflation. « Remettre en cause la parité fixe, c’est attaquer ces bénéfices et risquer d’avoir des taux d’intérêt plus élevés sur la zone », a-t-il estimé.
Moins dogmatique et plus mesuré, le directeur général du Trésor français, Xavier Musca, a rappelé que la situation extérieure de la zone était très solide, avant d’ajouter : « Il faudrait imaginer un renversement complet de tendance, nécessitant des besoins de refinancements et obligeant la France à remettre en cause sa garantie sur le CFA, pour que la question fondamentale de la dévaluation soit posée. Nous sommes à des années-lumière de cela. » « La France n’impose aucun choix de régime de change. Elle a accepté de soutenir les États de la zone et met en uvre les mesures de convertibilité. Le reste est du seul ressort de ces pays », a-t-il conclu. Il aurait été intéressant de connaître justement le point de vue des ministres africains des Finances. Mais aucun n’est venu à la conférence de presse. Et lorsque la question du CFA est abordée dans les couloirs, le « off » est de rigueur. À moins que cela soit encore une lubie de journalistes travaillant pour des feuilles de chou panafricaines !

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