Après le déluge

Publié le 22 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

Dix-huit morts, des voitures et leurs passagers emportés par les flots comme des fétus de paille, des rues soudainement transformées en torrents : tel est le bilan encore provisoire des pluies diluviennes qui se sont abattues sur le Grand Tunis et plusieurs autres régions du pays, le 13 octobre.
Catastrophe imprévisible, plaident les autorités concernées. Est-ce si sûr ? Les leçons des inondations du passé ont-elles vraiment été tirées ? À chaque fois, on feint de découvrir que les systèmes d’évacuation des eaux pluviales ne sont plus adaptés à une urbanisation galopante. Ou que les villes ne sont pas suffisamment protégées contre les brusques colères des oueds. À chaque fois, les hommes politiques promettent que des mesures seront prises et que tout ira bien la prochaine fois. Quelques aménagements sont alors entrepris, sans conviction excessive. Le cas le plus révélateur est celui de Sfax, où, après les inondations de 1982, il a fallu attendre le début des travaux pendant une vingtaine d’années !
Lors des inondations de 2003, qui faillirent provoquer une révolte populaire dans un quartier déshérité aux abords du lac de Sejoumi, à l’ouest de Tunis, le président Zine el-Abidine Ben Ali avait demandé au ministère de l’Équipement une étude en vue d’assurer à l’avenir la protection du Grand Tunis. À ce jour, on n’a encore rien vu sur le terrain, mais l’étude a bel et bien été rendue publique. Elle révèle que, conséquence d’une urbanisation sauvage, « des promoteurs immobiliers ont sciemment occupé les emprises naturelles des écoulements d’eau pluviale » et les ont déplacées ailleurs, n’importe où. Selon les premières estimations, le coût des travaux d’aménagement avoisinerait 600 millions de dinars (337 millions d’euros).
Deux jours après la catastrophe du 13 octobre, le chef de l’État a réuni un conseil ministériel, qui a pris plusieurs décisions.
1. La zone de Sebalat Ben Ammar, au nord de Tunis, a été déclarée inondable, ce qui interdit la délivrance de tout permis de construire et impose de veiller à ce que rien ne fasse obstacle à l’écoulement des eaux.
2. Tout projet d’infrastructure ou urbain devra désormais être obligatoirement précédé d’une étude hydraulique.
3. La coordination entre les ministères concernés va être améliorée.

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