Togo : faible mobilisation à Lomé pour les premières élections municipales depuis 32 ans
Les Togolais, qui étaient appelé aux urnes pour les premières élections municipales dans le pays depuis 32 ans, ont boudé les urnes dans la capitale. Le Parti national panafricain (PNP) de Tikpi Atchadam avait appelé au boycott, tandis que les autres partis d’opposition espèrent asseoir leur présence locale.
Les Togolais ont voté dimanche, dans le calme, pour élire leurs maires lors des premières élections municipales depuis 32 ans. Alors que plus de 3,4 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes, l’élection a été marquée par une faible participation dans la capitale et un boycott d’une partie de l’opposition. Le décompte a commencé dans des conditions pénibles, dimanche soir, parfois sans électricité et à la lumière des téléphones portables. Pour l’instant, aucune date n’a été communiquée pour l’annonce des résultats.
Les urnes boudées à Lomé
Dans la matinée, le président Faure Gnassingbé avait « exhorté » les Togolais à « participer massivement, pour un choix libre », aux premières élections municipales depuis 1987, soulignant qu’elles marquaient « une avancée majeure dans l’enracinement de la démocratie ». Lui-même a voté dans un bureau de Pya, sa région d’origine, à environ 420 kilomètres de Lomé.
Dans les bureaux de vote de Lomé, traditionnellement acquise à l’opposition, le taux d’abstention se situaient en moyenne autour des 75%. « La participation est faible à Lomé parce que certains jeunes de l’opposition ne sont pas sortis, ils ne savent pas pour qui voter, les leaders étant divisés », estime Évariste Gangigla, responsable d’un bureau de vote de Lomé pour la Commission électorale nationale indépendante.
« Je suis venue accomplir mon devoir civique. Je ne souhaite que deux choses pour ce pays : la paix et le changement », a déclaré Kayi Sassou, une septuagénaire, la première personne à glisser le bulletin dans l’urne dans son bureau de vote de la capitale.
569 listes pour 117 communes
1 527 conseillers municipaux devaient être élus dans 117 communes pour un mandat de 6 ans, renouvelable deux fois, parmi les 569 listes de partis politiques et d’indépendants retenues par la Cour suprême pour se présenter à ces élections municipales, les premières depuis 1987. Les mairies sont actuellement dirigées par des présidents de délégation spéciale, nommés par le président de la République.
À l’exception notable du Parti national panafricain (PNP), important parti dont le bastion se trouve dans le centre-nord du pays, tous les principaux partis politiques de l’opposition ont pris part à ces élections. Le PNP, dont le leader Tikpi Atchadam vit en exil, exige la libération de ses militants détenus, dont trois responsables écroués depuis mi-avril à la suite de manifestations contre le pouvoir le 13 avril.
Les principaux partis politiques de l’opposition, qui avaient boycotté les élections législatives de décembre 2018 et n’ont plus aucune représentation au Parlement, espèrent asseoir leur présence locale à travers ce scrutin.
L’Alliance Nationale pour le Changement, parti historique d’opposition, a toutefois regretté un « cafouillage et l’impréparation » des élections alors que deux bureaux de vote ont dû annoncer un report du scrutin. Son porte-parole Eric Dupuy a également fait état d’un « bourrage d’urnes à Baguida Centre avant le début du vote ». « Avec la détermination des populations, les bulletins ont finalement été brûlés », a-t-il affirmé.
Les principales associations de la société civile -l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), la Concertation de la société civile au Togo (CNSC-Togo) et la Commission épiscopale nationale justice et paix (CEJP)- n’ont pas pu observer le scrutin, faute d’avoir reçu leurs accréditations.
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