ADN : la spirale
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Il existe bien des raisons, notamment morales, pour s’opposer à l’intrusion des tests ADN dans la législation française sur le regroupement familial des immigrés (lire, pp. 40-44, notre dossier sur ce sujet). Mais il en est d’autres, peu ou pas relevées, qui méritent qu’on s’y arrête. Les voici.
1. L’ADN ne dit évidemment pas si une femme que son mari veut faire venir en France dans le cadre d’un regroupement est ou non son épouse. Par quoi remplace-t-on le test dans ce cas, puisque, s’il faut en croire MM. Hortefeux, Mariani, Fillon et autres, les états civils des pays africains (donc les certificats de mariage) ne sont pas valables ? Inextricable.
2. Le test ADN, assure-t-on, sera facultatif et gratuit. C’est un faux avantage. Celui qui, par dignité, refusera de subir le test ne sera jamais admis en France, car le consulat (ou la préfecture) pensera inévitablement qu’il refuse parce qu’il triche.
3. Quid de l’enfant adopté ? Quid de l’orphelin pris en charge par son oncle ?
4. La fameuse liste de la vingtaine de pays où l’état civil est réputé non fiable – et dont on s’apercevra qu’ils sont presque tous, comme par hasard, africains – sera-t-elle publiée ou tenue secrète ? Les pays du Maghreb sont-ils concernés ? Quels sont les critères utilisés pour conclure qu’un pays dispose ou non d’un état civil fiable ?
5. Enfin (et c’est peut-être le plus grave), derrière l’argument de l’état civil s’en profile un autre, moins dicible car sournoisement raciste. Ce sont les immigrés, particulièrement africains, qui sont, en tant qu’individus et à titre collectif, soupçonnés d’être tous des fraudeurs et des menteurs potentiels. Car si leurs papiers sont présumés faux, ce sont bien eux qui, lorsqu’ils accomplissent leurs démarches, les disent vrais. La secrétaire d’État Rama Yade qui, l’autre soir à la télévision, estimait que ce recours aux tests génétiques n’était en rien contraire à la Déclaration universelle des droits de l’homme, y avait-elle pensé ?
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